Il me semble que c'était le contraire aussi.
Urasawa sortait de Yawara, manga sur le judo apparemment très bon mais très axé "sport" (ce qui n'est pas un défaut en soi hein...)
Il était dit qu'apparemment, pour Happy, il a voulu faire quelque chose de beaucoup plus personnel et apporter de nouvelles pistes autres que "je suis un génie dans ce sport que je découvre et qui va devenir ma passion". Le tennis n'est que sur le second plan au début de l'histoire.
D'où le point de vue nouveau : "je fais du tennis parce que j'ai besoin d'argent, et qu'il se trouve que je suis plutot douée". Miyuki a attendu d'être complètement dans la panade à cause de son frère pour s'y remettre. Après, je me demande ce qu'il en sera lorsqu'elle règlera définitivement ses problèmes d'argent (continuité dans le parcours sportif ou retour à une vie anonyme ?)... enfin, si elle s'en sort un jour
Sauf que les lecteurs d'Urasawa, sortis de Yawara, ont pas du tout aimé son nouveau style, et l'auteur a subi pas mal de pressions pour que son manga se réoriente sur le sport, le vrai. Donc (toujours selon mes souvenirs du reportage), le manga devrait à un moment donné revenir vers un manga sportif plus traditionnel. La fin du tome 5 me le laisse penser, avec tous ces yeux qui se braquent vers son talent.
Je pense que nous autres lecteurs français, on fait le procès d'Happy à l'envers, paradoxalement ! On a toujours connu Urasawa sur des thrillers à suspens avec des révélations millimétrées, et maitrisant son scénario (ou du moins, donnant l'impression de le maitriser). Ici, on est dans une oeuvre antérieure, et surtout beaucoup plus légère ! Il n'y a plus cette sensation de suspens étouffant, et les thématiques prêtent plus à sourire qu'autre chose.
Sans compter notre relative exigence par rapport à l'auteur, qui en déçoit beaucoup ! Je pense qu'on est tous bien plus tolérant envers des séries de jeunes auteurs, le temps qu'il pose ses marques. Là, on est habitué à un style que l'on ne retrouve pas ici, et on y ressent toutes ses maladresses d'auteur encore peu libre de ses mouvements.
Pour ma part, je suis largement plus déçu par Pluto ou l'auteur ronronne dans ses schémas de base, sans se renouveler, par peur de trop écorcher l'oeuvre de Tezuka... mais c'est mon point de vue.
Bref, Happy est pour moi une oeuvre inclassable, Urasawienne sans l'être, vrai faux manga de sport, rempli de bonnes idées mais coincées par différentes maladresses. Et c'est tout ça qui la rend finalement assez touchante.
Bon, sur ce je crois que je vais pas tarder d'aller au lit... je suis parti loin dans mon délire tout seul là ^^"