Billy Bat est sans conteste l'œuvre la plus ambitieuse de Naoki Urasawa... sans forcément être le chef-d'oeuvre que l'on espérait.
Par Alexis Orsini
Chauve-souris et complot(s)
En 1949, alors que le monde se remet lentement de la Seconde Guerre mondiale, Kevin Yamagata, un auteur de comics installé à Los Angeles, a de quoi se réjouir : sa série policière, Billy Bat, remporte un grand succès. Son quotidien paisible est toutefois perturbé lorsqu’il apprend par un policier que sa chauve-souris détective ressemble fortement à celle d’une bande dessinée japonaise.
Horrifié à l’idée d’avoir inconsciemment plagié un dessin qu’il aurait vu au Japon, Kevin interrompt la publication de Billy Bat pour se rendre au pays du soleil levant. Il espère y retrouver le créateur original du personnage et obtenir sa permission de la réutiliser dans son comics.
Le dessinateur se rend cependant vite compte qu’il s’est lancé dans un projet qui le dépasse : empêtré dans une sordide affaire de meurtre, hanté par les apparitions de la chauve-souris, Kevin se trouve pris dans le fil de l’Histoire…
L'Histoire comme terrain de jeu
Naoki Urasawa et Takashi Nagasaki n’ont évidemment pas choisi l’année 1949 par hasard : ils peuvent ainsi mettre en scène le Japon sous occupation américaine et, surtout, livrer leur propre interprétation de l’affaire Shimoyama, restée très célèbre au Japon. Cet événement mémorable n’est que le premier d’une longue liste, l’intrigue de Billy Bat gravitant justement autour de différentes grandes dates et grandes figures de l'Histoire, contemporaine ou non.
Plus un événement est entouré de zones d’ombre et de mystère, plus il présente d’intérêt pour le duo d’auteurs. L'objectif d'Urasawa et de Nagasaki est clair : revisiter l’histoire de l’Humanité par l’intermédiaire d’une chauve-souris fantastique. Tout un programme…
Il suffit ainsi de lire un volume de Billy Bat pour cerner le potentiel de la série, parue au Japon d'octobre 2008 à août 2016 dans le magazine Morning. Le manga apparaît en effet comme une sorte de condensé des thèmes chers au duo d'auteurs : un anti-héros dépassé par sa création, des sauts dans le temps, une machination à échelle planétaire, des personnages secondaires dont les parcours s’entrecroisent… Les lecteurs de 20th Century Boys ne seront pas dépaysés.
Si l’impression de déjà-vu est récurrente dans Billy Bat, Urasawa et Nagasaki ne se contentent pas pour autant de réutiliser les éléments qui ont fait le succès de leurs thrillers. Le duo s'interroge au passage sur la nature même de la bande dessinée à travers une mise en abyme qui se joue sur plusieurs niveaux…
Naoki Urasawa reconnaît lui-même l’ampleur du défi qu’il s’est posé :
Avec Billy Bat, je voulais retrouver la force et la démesure du Phénix de Tezuka. Transcender les pays et les époques, essayer de faire ma grande oeuvre et dépasser tout ce que j’avais pu écrire jusqu’à aujourd’hui…
Initialement prépublié à un rythme bimensuel, Billy Bat fonctionnait depuis mai 2012 par « cycles » : Naoki Urasawa s’accordait des pauses de plusieurs mois, durant lesquelles la série ne paraît plus dans le Morning. La prépublication reprenait ensuite à un rythme hebdomadaire, pour systématiquement s’achever au bout de huit chapitres, l'équivalent d'un futur volume relié.
Les personnages
Les mangas d'Urasawa reposent toujours sur une vaste galerie de personnages. Billy Bat ne déroge pas à la règle avec plus d'une trentaine de protagonistes...
- Kevin Yamagata
- Billy Bat
- Kevin Goodman
- Chuck Culkin, l'usurpateur
- Chuck Culkin, le dessinateur
- Kurusu
- Finney
- Smith
- Jackie Momochi
- Timmy Sanada
Kevin Yamagata
Kevin Yamagata est né et a grandi aux États-Unis, de parents japonais émigrés et sans le sou, originaires de Niigata. Le couple tente de déjouer le sort en lui donnant un prénom japonais symbolique : Kinji, qui signifie « riche, fortuné ». Kevin commence à dessiner dès son plus jeune âge, au grand désarroi de son père agriculteur... qui finit cependant par tomber sous le charme de ses bande dessinées.
En 1949, Kevin travaille sans relâche sur un comics policier à succès, Billy Bat, qui met en scène une chauve-souris détective. Il interrompt toutefois ses activités lorsqu'il apprend que son héros est aussi la vedette d'une bande dessinée japonaise. Horrifié à l'idée d'avoir plagié inconsciemment une oeuvre existante lors d'un précédent passage au Japon, Kevin se rend sur place pour retrouver le créateur de la chauve-souris.
Meurtres, chantage et fuites à répétition
À son arrivée au Japon sous occupation américaine, Kevin est accueilli par un ancien collègue, Charlie Ishizuka, qui lui montre l'album de la chauve-souris noire... et cherche ensuite à le faire chanter. Un projet qui tourne court, puisque Charlie se fait assassiner par Kurusu. Kevin et un gérant de gargote déposent son cadavre sur des rails, pour le faire disparaître.
Kevin retrouve ensuite le graffiti de la chauve-souris qu'il avait aperçu en 1945, alors qu'il était interprète pour les forces alliées. Il remonte jusqu'à son auteur, Zôfû Karama, et découvre ses planches prophétiques, qui mettent en scène un dénommé Bat Boy. Enfin, Kevin ne peut empêcher la mort de Shizu, une prostituée dont il était tombé amoureux.
Juste après ce drame, il prend la fuite pour échapper à Kurusu, auteur de ce deuxième meurtre. Le dessinateur tombe nez à nez avec sa propre chauve-souris. Après lui avoir reproché sa lâcheté, Billy Bat lui conseille de dessiner la suite de son histoire pour contrecarrer ceux qui s’apprêtent à « créer la plus sombre zone de ténèbres de tout le XXème siècle ». Kevin cesse enfin de fuir.
Alcoolisme et visions
De retour à Los Angeles, plusieurs mois après son départ, Kevin découvre que son atelier n’existe plus. Chuck Culkin, l'assistant à qui il avait confié la suite de Billy Bat, a transformé le comics en succès mondial… en lui volant au passage les droits de la série. Résigné, Kevin se réfugie alors dans un village de western où il avait dessiné un précédent comics, Pistol Hair, dont il compte dessiner la suite. Mais la chauve-souris en décide autrement : elle le harcèle afin de l’amener à continuer « l’histoire du président ». Kevin finit par céder : il fait publier ses nouvelles histoires de Billy Bat par un petit éditeur japonais, Fujiyama.
Au début des années 1960, Kevin, ravagé par l'alcoolisme, est devenu méconnaissable. Il passe ses journées à se saouler afin d’échapper aux visions de la chauve-souris, sous peine de devenir fou. Il lui arrive toutefois de dessiner quelques planches prophétiques à l’occasion, comme la planification de l’assassinat du président Kennedy par Lee Harvey Oswald... un simple pantin au service de Kurusu et de mystérieux comploteurs. La visite inattendue de Smith opère un déclic chez Kevin, qui se résout enfin à contrecarrer le cours de l’Histoire, conformément aux voeux de la chauve-souris.
Sur la piste de Lee Harvey Oswald et de Kennedy
Le dessinateur comprend petit à petit qu'une tentative d'assassinat aura lieu contre Kennedy à Dallas en novembre. À en croire Billy Bat, seul son sacrifice pourra sauver le président. En regardant à contrecoeur l'émission de télévision à succès Billy Bat Hour, Kevin réalise par ailleurs que le Chuck Culkin qui a dérobé droits de son comics n’est pas son ancien assistant, mais un usurpateur.
Kevin parvient enfin à rencontrer Lee Harvey Oswald, à la Nouvelle-Orléans. Après lui avoir affirmé qu'ils avaient en commun leur nature solitaire, Kevin explique à Oswald qu’il va être désigné comme coupable d’un gigantesque complot d’assassinat s’il s’obstine à écouter la chauve-souris : il lui demande donc de laisser tomber ses rêves de grandeur et de disparaître.
Oswald, en larmes, finit par accepter. Mais la chauve-souris ne tarde pas à réapparaître pour lui ordonner d’aller protéger le dessinateur. Selon elle, l'humanité disparaîtra si Kevin meurt. Oswald parvient à le sauver d'un tueur sous les ordres de Finney.
Le 22 novembre 1983, de retour à Dallas, Kevin bouscule Jackie sans se douter qu’elle est à sa recherche. Le dessinateur sauve Kevin Goodman d’une balle perdue au moment où Kennedy est assassiné. La chauve-souris le félicite d’avoir sauvé l’humanité : elle désigne l’enfant comme son « successeur ». Kevin réalise que son jeune homonyme est lui aussi capable de voir Billy Bat.
Dix mois après les assassinats respectifs de Kennedy et de Lee Harvey Oswald, Kevin retourne à Dallas pour rencontrer la famille Goodman. Le couple lui offre un voyage au Japon pour le remercier d’avoir sauvé leur fils. Le petit Kevin lui transmet pour sa part un message de la chauve-souris : « Si tu vas pas au Japon, laisse le petit y aller à ta place. » Le dessinateur décolle pour son pays d'origine peu de temps après.
Le village Kômori, un piège fatal?
À Tokyo, Kevin met en forme les visions qui le hantent. Billy l’avertit ainsi que son « maître », Zôfû, est en danger de mort. Jackie, arrivée au Japon en même temps avec son père, partage une information cruciale avec Kevin : le rouleau est situé dans la péninsule de Kii. La chauve-souris compte sur Jackie et Kevin pour retrouver ce précieux objet.
Une fois arrivé au village Kômori avec Randy Momochi, Jackie et Yamashita, Kevin vient à l'aide de Duvivier, tout en restant sur ses gardes. Le groupe remonte jusqu'aux trois statues de Bouddha représentées dans les planches de Zôfû : chacune contient une cavité, vide. Duvivier prend Jackie en otage avant de ligoter Randy et de suspendre une corde autour du cou de Kevin, en équilibre. Kevin met Duvivier hors de lui en clamant le précepte enseigné par son père :
Ne vole jamais ce qui appartient à autrui.
Le dessinateur finit cependant par se tirer d'affaire. Il dessine l'histoire de Gary et Sissi, les parents de Duvivier, sous le regard attentif du tueur.
À cette occasion, Kevin se réjouit de retrouver la « fibre du dessin ». Il parvient même à ignorer l’apparition de Billy Bat. Après la disparition de Duvivier, Kevin met enfin la main sur le rouleau. Mais l'objet ne lui est pas d'une grande utilité puisqu'il est déjà capable de dessiner la chauve-souris... et même de communiquer avec elle.
Alors qu’il s’apprête à reprendre son travail sur Billy Bat et à partir en Espagne, sur les traces de la mystérieuse carte contenue dans le rouleau, Kevin tombe nez à nez avec le gérant de gargote qui l’avait aidé à déposer le cadavre de Charlie sur des rails, en 1949. Sa stupéfaction est toutefois de courte durée : les hommes de main de Finney lui tirent dessus…
Le dessinateur survit cependant : après son opération, Kevin, toujours dans le coma, reçoit la visite de Jackie. La jeune femme attend son réveil et lui rappelle qu'ils sont censés aller au pays basque ensemble.
En 1990, Smith apprend par Duvivier que Yamagata, à l'abri dans un endroit sécurisé, est en train de plancher sur sa plus grande oeuvre...
Onze ans plus tard, Duvivier continue de recevoir des nouvelles de Kevin Yamagata par courrier. Bien qu'il soit toujours menacé, le dessinateur continue de travailler sur son oeuvre tout en parcourant le monde. Il serait notamment passé par la péninsule du Yucatan, mais aussi à Aomori, au Japon, dans le village où se trouverait la tombe de Jésus, ou encore en Argentine. Kevin Yamagata affirme notamment que l'Atlantide se trouverait au Pôle Sud.
Kevin est-il le « simple dessinateur » qui a visité la tombe de Zôfû Karama en 2001 et en a profité pour y graver le symbole de la chauve-souris?
Billy Bat
Billy Bat est une chauve-souris mystérieuse, qui apparaît sous de multiples formes à différentes époques de l’Histoire. Deux objets clé semblent permettre à Billy d’apparaître aux humains. À commencer par le rouleau de Momochi, utilisé auprès de Yajirô puis de Kanbei. Mais l’album de la chauve-souris noire fait aussi office de réceptacle-transmetteur, pour Mitsuhide Akechi, par exemple.
Plus rarement, Billy Bat se manifeste aussi directement à certains humains, sans passer par le moindre objet : Kevin Yamagata, Kevin Goodman ou encore Judas font partie de ces rares voyants « prédisposés », comme les appelle Chuck Culkin.
Une créature lunaire?
Les origines lunaires de Billy Bat sont régulièrement mises en avant. Le 20 juillet 1969, l’équipe d'Apollo 11 pose le pied sur la Lune. Elle y découvre le symbole de la chauve-souris. Au même moment, Kevin Goodman, neuf ans, est frappé d’une vision, qu’il couche sur le papier. Il met ainsi en scène la première apparition de Billy Bat sur Terre, qui remonte à des millions d’années : la chauve-souris se matérialise à l'extrémité d’un rayon lunaire et ordonne à un homme préhistorique de la dessiner. Billy Bat doit donc nécessairement être représenté sous une forme graphique afin de pouvoir traverser les époques. Le comics de Kevin Yamagata s'impose comme relais particulièrement efficace, alors que la version de Chuck Chulkin fonctionne beaucoup moins bien.
La chauve-souris confie par ailleurs à Kevin Goodman qu’elle a été divisée en deux suite à la collision d’un « objet céleste » sur Terre. Cet impact projette son double et dans l'espace et entraîne la formation de la Lune. Selon Billy Bat, seul son double lunaire est capable de faire retourner l’homme dans le passé.
La noire ou la blanche?
Malgré sa nature proprement fantastique, les pouvoirs de Billy Bat semblent assez limités. Si l’on exclut sa capacité proprement surnaturelle à pouvoir apparaître aux humains, le Billy terrestre se montre en effet incapable de contrôler les agissements de ses interlocuteurs.
Il doit tenter de les convaincre grâce à sa seule influence... mais plusieurs hommes lui opposent une résistance farouche, comme Kanbei. Ses manipulations sont surtout efficaces sur les personnes influençables ou avides de pouvoir, puisque Billy leur promet systématiquement un grand avenir. C’est ainsi qu’il convainc par exemple Mitsuhide Akechi de trahir Nobunaga Oda.
Le rouleau, un relais vital
Le Billy contenu dans le rouleau de Momochi exerce en tout cas une influence néfaste sur son porteur puisqu’il l’incite systématiquement à agir lâchement et de façon purement égoïste, ce qui laisse supposer qu’il s’agit de la chauve-souris noire. Il est d'ailleurs difficile de différencier la chauve-souris noire de la chauve-souris blanche : on suppose la première mauvaise (celle du rouleau de Momochi et de l’album?) et la seconde (celle qui apparaît sous la forme du personnage de comics de Kevin?) bien intentionnée. Le flou est volontairement entretenu par Billy Bat lui-même, qui ne répond jamais lorsqu'on lui demande sa couleur. Les motivations des deux Billy Bat sont toutefois radicalement opposées puisque la chauve-souris lunaire veut détruire la Terre, alors que son double tente de contrecarrer ses plans.
Le rouleau de Momochi semble très puissant si l’on en croit les dernières paroles de François Xavier : « Ce rouleau peut faire de son propriétaire le maître absolu du monde mais il peut aussi le conduire à sa perte. » Le religieux est bien placé pour en parler puisque c'est lui qui ramène la chauve-souris à la vie au seizième siècle, alors qu'il est encore enfant. Il était cependant loin soupçonner que les symboles qu'il reproduit, après les avoir aperçus sur le mur d’une grotte permettaient, une fois à l’envers, de dessiner la silhouette de Billy Bat. La chauve-souris le charge alors de se rendre – d’ici cinq cents ans! – en Extrême-Orient pour remettre « quelque chose d’important » à celui « qui sauvera la Terre ». François Xavier accepte cette mission, non sans avoir demandé à la créature si elle était Dieu. Ce qui lui vaut une réponse pour le moins atypique :
Hmm… Je sais pas trop lequel des deux était là le premier… Mais bon, on s’en moque de ça!
Un prophète qui influe sur le cours de l'Histoire...
Billy dispose toujours d'un temps d'avance : il prédit notamment les grandes catastrophes qui attendent l’humanité. Dès le XVIème siècle, il parle ainsi à Kanbei du 11 septembre 2001, de l’attentat de Sarajevo, ou encore de l’affaire Shimoyama. Billy sait également quel avenir immédiat attend le Japon puisqu’il le prédit à Yajirô : « La province d’Iga sera anéantie. Oda échouera à prendre le pouvoir. Un autre unificateur [Ieyasu Tokugawa] apparaîtra… Et pendant 350 ans, les shinobis auront un grand rôle à jouer. »
Dans les années 1960, la chauve-souris (noire?) qui apparaît à Oswald à la Nouvelle-Orléans se présente comme « guide de l’humanité, de sa naissance jusqu’à sa disparition ». Elle lui demande de sauver Kevin, car, à l’en croire, sa mort entraînerait la disparition de l'humanité...
Billy souhaite en réalité simplement garder Kevin en vie tant qu’il n’aura pas trouvé de « successeur capable de [le] dessiner ». Kevin Goodman remplit ce rôle à merveille après la mort de son homonyme. En 1981, le jeune homme et la chauve-souris se parlent en effet d’égal à égal : Kevin considère même Billy comme son « alter ego ».
... et un héros de bande dessinée immortel
Dans les années 1960, Billy Bat est à l’apogée de son succès commercial. On le retrouve sous forme de produits dérivés, et un parc d'attractions, Billy Land, lui est même entièrement dédié en Floride. Sans oublier un dessin animé et une émission de télévision hebdomadaire, Billy Bat Hour, qui bat des records d'audience. L'apparence de ce Billy commercial est légèrement différente de celle du héros original, créé par Yamagata. Le Billy de Chuck Culkin arbore en effet des traits souriants et rieurs alors que l’original était caractérisé par son air cynique et désabusé.
En 1981, le Billy Bat de Chuck Culkin reste toujours aussi populaire aux États-Unis. Les contrefaçons chinoises du personnage se multiplient mais Culkin prend soin de les « exterminer ». Il tente aussi de trouver un successeur au dessinateur de Billy Bat. Son objectif est clair : la chauve-souris doit traverser les décennies à venir pour atteindre le XXIème siècle. En 2001, après une pause de publication d'un an et demi, Billy Bat est repris par un trosième dessinateur : Timmy Sanada.
Kevin Goodman
Le fils unique de Diane et Tony Goodman doit son prénom à la passion débordante de son père pour le Billy Bat de Kevin Yamagata, son auteur préféré.
Le successeur de Kevin Yamagata
Le 22 novembre 1963, à Dallas, le petit garçon de trois ans échappe de peu à la mort : Kevin Yamagata le sauve d’une balle perdue qui visait le président Kennedy. Et réalise au passage que son homonyme est lui aussi capable de voir la chauve-souris, sans le moindre support graphique. Kevin Yamagata apprend à cette occasion, par Billy Bat, qu’il a préservé l’avenir de l’humanité en sauvant son successeur.
Dix mois après l’assassinat de Kennedy, Kevin Goodman, dont les dessins d'enfant mettent en scène Kanbei et son rouleau, délivre un message de Billy à Kevin Yamagata :
Si tu vas pas au Japon, laisse le petit y aller à ta place.
Le 20 juillet 1969, alors que l'homme vient de poser le pied la Lune, Kevin Goodman, neuf ans, couche sa dernière vision sur le papier. Sans se douter qu'il retranscrit en fait la première apparition de la chauve-souris sur Terre face à un homme préhistorique paniqué.
Au pensionnat, Kevin doit affronter ses camarades, qui l'accusent d'être un simple décalqueur de Billy Bat. Le petit garçon, lui, revendique la propriété du personnage. Son style graphique est déjà identique à celui de Kevin Yamagata.
Graffitis nocturnes et insouciance
En 1981, le jeune homme de vingt-et-un ans passe plus de temps à déambuler dans les rues du New Jersey qu'à suivre ses cours de gestion à la prestigieuse université de Princeton. Kevin peint sans relâche des graffitis inspirés par la chauve-souris : les incidents ferroviaires de Mitaka et Mitsukawa, le coup de boule de Zôfû à Duvivier… Le jeune homme espère que ses créations seront vues par le plus grand nombre.
Contrairement à son prédécesseur, Kevin communique régulièrement avec Billy Bat, son « alter ego ». Son insouciance le met parfois en danger : un photographe chargé de le suivre est ainsi retrouvé assassiné, peu avant que Kevin lui-même soit menacé. Le jeune homme est sauvé par Smith et finit par accepter ses cours d’auto-défense, sur les conseils de Billy. Il refuse en revanche la proposition de mécénat d’Audrey Culkin : l’étudiant cherche simplement à dessiner ce qui lui plaît librement.
Retour aux sources de Billy Bat
Kevin finit là encore par céder. À Los Angeles, il fait la connaissance de Chuck Culkin, l’usurpateur... et découvre surtout le véritable Chuck. L'ancien assistant de Kevin Yamagata est persuadé d'avoir trouvé son successeur : il lui demande de prendre sa relève. Kevin empêche pour sa part Chuck de se suicider en lui projetant une nuée de chauves-souris... Un pouvoir étrange, qui rappelle l'apparition inattendue de Kevin Goodman au village Kômori, en 1964, devant un Duvivier stupéfait. Aurait-il réussi à voyager dans le temps?
Le premier épisode de Billy Bat dessiné par Kevin Goodman renoue avec l'esprit original de la série. Billy redevient ainsi un détective cynique. L’Amérique toute entière s’arrache ce nouvel épisode officiellement réalisé par Chuck Culkin.
En 1990, Kevin ne cache pas sa lassitude : il songe à arrêter sa série pour faire le tour du monde. Billy Bat le prévient qu'il devra désormais se débrouiller seul pour écrire la suite de ses histoires.
Passage de relais
Au début des années 2000, Kevin Goodman, en panne d'inspiration, met en pause la publication de Billy Bat. Il se lance dans un autre comics, Cameleon Ninja Karma, qui rencontre un grand succès et fait même l'objet d'une adaptation au cinéma.
En 2001, alors que Billy Bat est en pause depuis un an et demi, Kevin reste hanté par une prophétie concernant deux tours d'aspect médiéval. Il lance officiellement un appel à candidatures pour désigner son successeur.
Kevin est immédiatement convaincu par le talent de Timmy, et il parvient à le faire co-créditer sur le nouveau numéro de Billy Bat – que Timmy a réalisé seul - malgré le désaccord d'Audrey Culkin. Il cherche ensuite à localiser les tours qui sont menacées par les ennemis de l'Amérique mais il n'est pas convaincu par son inspection du World Trade Center. Timmy lui révèle que les tours en question se trouvent à New York.
Trahi par Timmy
Dès lors, Kevin fait tout son possible pour alerter les new-yorkais du danger qui les guette mais toutes ses tentatives échouent, soit parce qu'on ne le croit pas (dans le cas de la CIA et du FBI) soit parce qu'Audrey et Timmy l'empêchent d'exprimer ses avertissements. Le 10 septembre 2001, Kevin, qui vient d'apprendre par Jackie que Timmy Sanada lui mentait et n'était pas capable de voir la chauve-souris, découvre qu'Audrey l'a remplacé par le jeune dessinateur. Une information confirmée le lendemain au téléphone par l'héritière de Chuck Culkin.
Le 11 septembre au matin, Kevin organise un concert au World Trade Center avec son ami d'université, Phil, mais aucun passant ne les prend au sérieux. Il quitte les lieux après que Duvivier l'ait informé que l'attaque aurait lieu à Chicago : un mensonge demandé par la chauve-souris, qui lui permet de protéger Kevin.
Quelques jours après les attentats, Kevin dépose un avis de recherche à Union Square pour retrouver Duvivier, porté disparu. Il rencontre par hasard Jackie dans une librairie de comics et apprend qu'elle devait aller au pays basque avec Kevin Yamagata.
Chuck Culkin, l'usurpateur
Aux yeux du monde entier, Chuck Culkin n'est autre que le père de Billy Bat, la chauve-souris aimée de tous. En réalité, cet homme d'affaires sans scrupules - et sosie flagrant de Walt Disney - est prêt à tout pour préserver l'empire qu'il a bâti en dérobant la création de Kevin Yamagata.
Sous les ordres d'Adolf Hitler
Les motivations apparentes de cet escroc - s'enrichir tout en devenant célèbre - découlent en fait des consignes qui lui ont été données par un certain Adolf Hitler. En 1944, celui qui ne s'appelle pas encore Chuck est sur le point d'être fusillé par les nazis. Mais Hitler en personne choisit de l'épargner, au seul motif qu'il a choisi le dessin d'une chauve-souris parmi les différentes propositions faites aux prisonniers avant leur exécution. Le Führer lui demande alors :
Que diriez-vous, lieutenant, de devenir l'homme le plus riche de la Terre?
C’est donc Adolf Hitler qui fournit de faux papiers à ce rescapé, et l'incite à s'installer en Amérique afin de « propager » la figure de la chauve-souris grâce à la bande dessinée. L'ex-lieutenant d'une « patrie passée sous régime communiste » traverse l'Atlantique avec quelques tableaux d’Hitler. Il emménage dans un appartement qui fait face à l’atelier de Kevin, afin de le surveiller.
Usurpation d'identité et sens des affaires
En 1950, lorsqu'il apprend que le dessinateur est parti au Japon, l'escroc s'empresse d'aller à la rencontre de Chuck Culkin, l'assistant de Kevin chargé de continuer Billy Bat en son absence. L'ancien militaire multiplie les compliments, qui font mouche auprès du dessinateur, en pleine période de doute. Et pour cause : l’arrêt de Billy Bat est sérieusement envisagé en raison de sa baisse de popularité...
Il parvient ainsi à convaincre le véritable Chuck Culkin de s’associer avec lui pour « conquérir le monde », en s'appuyant notamment sur un acte de cession prétendument signé par Kevin. Le beau parleur se présente ensuite comme le « manager » de Chuck à l’éditeur de Kevin afin de lui racheter les droits de la série. Elle devient ainsi la propriété de la société Billy Bat Publishing.
L'escroc prend alors le nom de Chuck Culkin. C’est ainsi que débute le « partenariat » atypique entre les deux Chuck : le véritable Chuck dessine, dans l’ombre de sa luxueuse villa de Beverly Hills, les aventures de Billy Bat, tandis que le faux Chuck en tire tous les bénéfices commerciaux et médiatiques, en se présentant publiquement comme le dessinateur du personnage.
Un succès planétaire
La popularité de Billy Bat décolle peu après cette reprise, au point de devenir planétaire. L’homme d’affaires réinvente le personnage inventé par Kevin Yamagata : il transforme le Billy original, cynique et désabusé, en une chauve-souris souriante. La tonalité de la série évolue en conséquence, puisqu’elle délaisse les enquêtes policières au profit de récits enfantins. L'opportunisme de Chuck Culkin ne connaît pas de limites : un parc Billy Land ouvre en Floride, un dessin animé voit le jour, accompagné d'une émission hebdomadaire, Billy Bat Hour, animée par le prétendu créateur de la chauve-souris.
Culkin prétend notamment travailler en « osmose » avec la chauve-souris et élaborer chaque planche du comics dans le moindre détail pour plaire aux enfants, afin d'entretenir son image publique de créateur philanthrope. En privé, il compare pourtant la télévision à un « piège à insectes ».
Une collaboration avec Finney
Le faux Culkin est au courant de l’existence du rouleau de la chauve-souris : Hitler lui en a parlé lors de leur rencontre. Culkin suit d'ailleurs ses conseils à la lettre, puisqu'il amadoue les hommes à la recherche du rouleau, comme Finney, qui enquête à sa demande sur Lee Harvey Oswald, et extermine les auteurs de contrefaçons. Mais Culkin cherche en priorité à éliminer Kevin Yamagata.
En 1963, la notoriété de l'usurpateur est telle qu'il fait la une du magazine Time. Il parvient à garder le véritable Chuck sous son emprise en prétendant que Kevin cherche à l’assassiner. Le 22 novembre, Chuck Culkin se réjouit de l’assassinat de Kennedy : il est convaincu que Billy Bat deviendra encore plus populaire au cours de la période de deuil national qui s’annonce…
En 1964, Finney brave l’interdiction formelle posée par Culkin – ne jamais lui rendre visite sur le plateau de l’émission Billy Bat Hour – lorsqu’il apprend que son collaborateur a dépêché Duvivier, un tueur à gages, au village Kômori. Tout près du rouleau...
Leur accord prévoyait en effet que Finney laisse Culkin s’enrichir et devenir aussi célèbre qu’il le souhaite, à condition de ne jamais s’occuper du rouleau ou de Kevin Yamagata. Culkin prétend qu'il s'agit d’un pur hasard et répète ne pas s'intéresser au rouleau.
1981 : un empire en péril?
En 1981, Culkin, qui accuse son âge, est au sommet de sa gloire. Il n’hésite pas à décommander un déjeuner avec le président Reagan, qu'il a d'abord connu en tant qu'acteur débutant dans Billy Bat Hour! L'usurpateur est toutefois travaillé par une obsession : rendre Billy Bat « éternel » en lui faisant traverser les décennies à venir pour atteindre le XXIème siècle.
L'homme d'affaires cherche donc un successeur au véritable Chuck, mais aucun dessinateur ne trouve grâce à ses yeux. Culkin, qui enchaîne les conquêtes avec des femmes beaucoup plus jeunes, semble incapable de refuser les demandes de sa fille Audrey. Il accepte notamment de faire protéger Kevin Goodman par Finney, puis de rencontrer le jeune dessinateur.
L'usurpateur sort de ses gonds lorsque le véritable Chuck, en proie à une panne d'inspiration qui s'éternise, refuse de reprendre sa plume malgré ses menaces. Il découvre à cette occasion que son otage est parfaitement au courant du sort réservé aux usurpateurs de Billy Bat.
Chuck refuse catégoriquement de confier les rênes de Billy Bat à Kevin Goodman, malgré les relances insistantes de ses éditeurs, qui déplorent l'absence de nouveaux chapitres. Son « homonyme » lui force toutefois la main en faisant publier dans son dos une histoire réalisée par Kevin mais officiellement signée de sa propre main. Le succès de cette nouvelle mouture de Billy Bat est immédiat. Chuck l'usurpateur, lui, enrage de s'être fait doubler. Il refuse notamment de céder la série à Kevin car il considère sa version comme une contrefaçon, selon les critères définis par Hitler.
Peu avant de mourir à l'hôpital, en 1990, Chuck cède le bail du vingt-quatrième sous-sol de Billy Land au professeur Morehouse, qu'il charge également d'éliminer les contrefacteurs de la série : les assassinats en série reprennent pour la première fois depuis 1964.
Chuck Culkin, le dessinateur
En 1949, Chuck assiste Kevin sur Billy Bat : les deux dessinateurs sont assez proches, puisque Kevin le considère comme son « double ». Chuck prend son travail d'assistant très à coeur. Au point par exemple de s'absenter de l'atelier le temps d'aller observer l'océan, pour reproduire au mieux ce paysage par sa plume.
Un dessinateur de l'ombre
Lorsque Kevin part précipitamment au Japon pour retrouver le créateur de son personnage, Chuck est chargé d'assurer la publication de Billy Bat pendant son absence. Malheureusement, sa version plus enfantine de la chauve-souris ne convainc pas les lecteurs. Les ventes plongent et l'arrêt de la série est même envisagé. Un homme d'affaires surgit à ce moment opportun : entre flatteries, mensonges et un acte de cession des droits de la série prétendument signé par Kevin, il parvient à convaincre Chuck de suivre ses directives pour faire retrouver à Billy Bat sa popularité. C'est le début d'un partenariat atypique entre les deux hommes.
Treize ans plus tard, Chuck travaille en effet plus dur que jamais sur Billy Bat. Le comics est devenu un succès planétaire sous l’impulsion du faux Chuck, qui tire tous les bénéfices médiatiques et économiques de cette popularité mondiale. L’ancien assistant de Kevin ne quitte jamais son atelier, installé dans une luxueuse villa de Beverly Hills.
Chuck semble conscient de s’être fait manipuler mais il continue de dessiner malgré tout, en pensant à ses fidèles lecteurs. Il semble en revanche croire fermement que Kevin chercher à l’assassiner, pour lui avoir volé sa série, comme le prétend l'homme d'affaires.
Le temps de la rébellion
En 1981, Chuck continue d'oeuvrer dans l'ombre sur les aventures de Billy Bat, mais il est confronté à une panne d'inspiration qui s'éternise. La rencontre de Kevin Goodman, qui dessine exactement comme Kevin Yamagata, provoque un déclic chez l'artiste : il demande au jeune homme de lui succéder, après avoir lui avoir révélé toutes les manipulations du faux Chuck.
Il est même prêt à se suicider pour obliger son partenaire à accepter Kevin comme remplaçant. Le jeune dessinateur l'empêche de commettre l'irréparable et s'appuie ensuite sur son aide pour terminer ses propres planches.
Chuck ose ensuite pour la première fois s'opposer aux directives de Chuck l'usurpateur. Face à son refus persistant de confier les rênes de Billy Bat à Kevin Goodman, l'ancien assistant s'arrange en effet pour transmettre le chapitre du jeune homme aux éditeurs de la série, en prétendant qu'il s'agit d'une nouvelle mouture du comics réalisée par Chuck Culkin. Le succès de ce nouveau Billy Bat est immédiat : Chuck l'usurpateur, lui, enrage de s'être fait doubler.
En 2001, Chuck travaille encore à la colorisation de Billy Bat, mais la série est en pause depuis un an et demi. Il est immédiatement convaincu par le talent de Timmy Sanada, et l'incite à prendre la relève de Kevin, à condition de se faire créditer, ce qu'Audrey refuse dans un premier temps.
Après les attentats du 11 septembre 2001, il autorise Timmy à revenir à sa version de Billy Bat, plus joyeuse.
Kiyoshi Kurusu
Cet homme à la silhouette élancée et au regard perçant est constamment affublé d’un panama et d’une paire de lunettes rondes. En 1949, Kurusu se présente à Kevin Yamagata comme membre de la « société pour l’essor de l’industrie Est-asiatique ». Il aide indirectement le dessinateur à faire disparaître le cadavre de Charlie Ishizuka en lui suggérant de le faire passer sous un train. Et récupère au passage l'album de la chauve-souris noire.
L'assassin de Shimoyama
Le milieu ferroviaire n'a pas de secret pour Kurusu : le criminel est en effet à l’origine de la disparition des cadavres de Charlie et de Sadanori Shimoyama sur les rails mais aussi des deux accidents qui ont – réellement – eu lieu en gares de Mitaka et de Fukushima au cours de l’été 1949. Kurusu élimine lui-même le directeur des chemins de fer nationaux d'un coup de manchette de karaté, après qu'il ait refusé de lui donner certains titres de propriété. Kurusu espérait, grâce à ces terrains situés dans l'ancienne province de Kii, mettre la main sur le rouleau de la chauve-souris.
Au cours du même été, Kurusu, qui semble fasciné par la Lune, assassine Shizu d'un coup de manchette de karaté. Il tente ensuite de mettre la main sur Kevin Yamagata, mais le dessinateur lui échappe à nouveau. Kurusu confie ses motivations à Smith un soir : elles n'ont rien à voir avec la politique. Le criminel affirme en effet vouloir devenir un « personnage clé de l'histoire » et espérer que la « fin de [son] existence marquera la fin des temps ». Un vaste programme, qui s'explique par son traumatisme d'enfance.
Un survivant rongé par la haine
Au cours de l’été 1923, le petit Kiyoshi Kurusu subit quotidiennement les brimades de ses camarades de primaire, au seul motif que son père est communiste. Ce dernier, bien conscient des souffrances de son fils, l'encourage à étudier dur, pour peut-être un jour aller sur la Lune. Mais le petit garçon se laisse gagner par la haine après l'assassinat de son père et la nouvelle vie conjugale de sa mère. Un soir, guidé par une mystérieuse voix qui « bourdonne dans sa tête », Kiyoshi découvre le symbole de la chauve-souris sur un poteau électrique, à l’entrée du quartier des plaisirs de Yoshiwara.
La voix le conduit ensuite jusqu’à l'auteur du symbole, Shisho, qui lui révèle l'existence de deux chauves-souris, une blanche et une noire. Le colosse lui fait également part d’un précepte, qui deviendra crucial pour Kiyoshi :
Tout ne dépend que de toi.
Il lui explique que virer dans la criminalité lui assurerait une existence tranquille... qui finirait toutefois inévitablement par le « plonger tout droit en enfer » .
Shisho explique avoir lui-même changé de vie : il se dit guidé sur le droit chemin par la chauve-souris. Le colosse promet à Kiyoshi de lui apprendre à dessiner la créature à son retour d’Amérique… sans se douter qu’il mourra là-bas en sauvant Sissi. Kiyoshi ne reverra donc jamais cette figure paternelle, qu’il appelle instinctivement « maître ».
Le 31 août 1923, Kiyoshi, qui n’arrive toujours pas à dessiner la chauve-souris malgré ses efforts répétés, surprend à nouveau sa mère avec le policier. Il prend la fuite précipitamment. La chauve-souris lui intime de « tout plaquer » et de sécher l’école lors de la rentrée du 1er septembre.
Kiyoshi suit le reste de ses instructions à la lettre : il parvient ainsi à convaincre le policier-amant de se rendre chez lui le lendemain, pour une prétendue réunion secrète des cadres de la jeunesse communiste. Le 1er septembre 1923, à 11h58 précisément, Kiyoshi, se tient à l’écart de la ville, sur une colline qui surplombe Tokyo. Il échappe ainsi au grand tremblement de terre du Kantô, qui ravage la ville et fait plus de 100 000 victimes. En inspectant les décombres de sa maison, Kurusu constate que les policiers qu’il avait piégé ont péri : il se réjouit d’avoir « vengé » son père. Le petit garçon est ensuite recueilli par des habitants.
L'assassin de Kennedy
Kurusu fait ensuite carrière dans la criminalité, aidé à l'occasion par les (rares) informations que lui confie la chauve-souris. En 1949, il constate l'inutilité de l'album de la chauve-souris noire et se lance à la recherche du rouleau. Il suit de près les activités de Kevin Yamagata, qu'il juge prometteur. Son incapacité à dessiner la chauve-souris l'oblige en effet à compter sur les personnes dotées d'un véritable talent artistique.
En août 1962, les complots de Kurusu le mènent aux États-Unis. Il y rencontre Lee Harvey Oswald et lui dispense des conseils pratiques en vue de sa future mission. L’année suivante, Kurusu retrouve Oswald à Dallas et l'incite indirectement à assassiner (sans succès) le général Edwin Walker.
Petit à petit, le criminel transforme le jeune homme en « pigeon » idéal pour porter le chapeau du drame qu'il prépare. Le 22 novembre 1963, Kurusu et ses complices assassinent le président depuis le cinquième étage du dépôt de livres scolaires.
En 1964, Kurusu parvient enfin à se mettre sur la piste du rouleau en suivant Kevin au village Kômori. Le criminel se fait accompagner de son ancien complice, le gérant de gargote, qui l'avait aidé à faire disparaître Shimoyama. Mais son homme de main et Kevin Yamagata sont abattus tour à tour par les hommes de Finney : Kurusu regrette la mort du dessinateur, persuadé qu'elle l'obligera à aller sur la Lune.
1981 : l'année de la rédemption... sur la Lune
En 1981, Kurusu commence à accuser son âge. Il crache régulièrement du sang et sent qu'il n'a plus beaucoup de temps devant lui. Il suit de près les activités de Kevin Goodman, et fait notamment arracher tous ses graffitis, dans l'espoir que la chauve-souris se mette à lui parler. Face à son silence, Kurusu se décide à entreprendre le long voyage sur la Lune qu'elle lui avait prédit dès 1949.
Grâce à ses nombreux contacts, et au terme d’un entraînement « infernal », Kurusu parvient à réaliser son rêve. Mais son alunissage catastrophe transforme son périple en aller simple. Peu lui importe : Kurusu rencontre le Billy Bat lunaire. La chauve-souris lui propose de réécrire son passé et de vivre la vie dont il rêvait. Un voeu qui entraînerait toutefois la disparition l'humanité.
Kurusu, qui se remémore son rêve d'enfance et le précepte de Shisho, décide finalement de ne pas se laisser guider par sa haine du genre humain : il reconnaît s'être trompé toute sa vie. Le vieil homme regrette simplement que son père n’ait pas pu admirer la Terre depuis la Lune.
Finney
En 1949, le « capitaine » Finney dirige le bureau de censure du GHQ (General Head Quarters, le quartier général des forces alliées), à Tokyo. Il parle couramment japonais. Son regard, soupçonneux en permanence, le rend facilement reconnaissable. Finney, qui est en poste avant même la création de l'OSS et de la CIA, cherche à mettre la main sur l’album de la chauve-souris noire, qu’il présente comme un « abîme de ténèbres » à l’inspecteur Smith. Sans se douter que Kurusu l'a devancé dans sa quête.
Une obsession : le rouleau de la chauve-souris
L'album reste cependant d'un intérêt secondaire pour Finney, qui cherche surtout à s'approprier le rouleau de la chauve-souris. Il est même prêt à tuer pour ça, si l'on en croit la menace à peine voilée qu'il formule à Kevin Yamagata, au moment où celui-ci s'apprête à retourner aux États-Unis.
En 1962, Finney, toujours bredouille, tente de retrouver Lee Harvey Oswald : il est persuadé qu'il possède le rouleau. Finney demande parallèlement à ses hommes d'éliminer Kevin Yamagata, car il redoute ses capacités de « voyant prédisposé ». Mais le dessinateur échappe de justesse aux tueurs. Finney peut en tout cas compter sur l'aide de Chuck Culkin, l'usurpateur : les deux hommes semblent avoir conclu un marché.
Un an plus tard, à la Nouvelle-Orléans, Kevin Yamagata survit de nouveau à un des hommes de main de Finney, qui donne cette fois sa consigne à contrecoeur, car il pense Kevin capable de retrouver le rouleau au Japon.Son obsession pour cet objet s'explique par les pouvoirs qu'il lui prête : Finney est en effet convaincu que son détenteur deviendra « le maitre de l’Histoire avec un grand H ».
1964 : l'année du « reset »
En 1964, Finney brave l’interdiction formelle posée par Culkin – ne jamais lui rendre visite sur le plateau de l’émission Billy Bat Hour – lorsqu’il apprend que son collaborateur a dépêché un tueur à gages au village Kômori. Leur accord prévoyait en effet que Finney laisse Culkin s’enrichir et devenir aussi célèbre qu’il le souhaite, à condition de ne jamais toucher au rouleau ou à Kevin Yamagata.
Finney se ridiculise devant Chuck en affirmant que la comptine de Billy Bat Hour (« Billy Bat, Billy Bat… Billy, Billy Bat! Viens exaucer mon voeu, Billy Bat! ») est la « formule » permettant de réaliser ses « rêves ». Une information fournie par un certain Albert Einstein...
Cette même année, Finney envoie deux de ses hommes au village Kômori, sur la piste de Kevin et de son groupe. Pour éviter que Kurusu ne mette la main sur le rouleau, Finney leur ordonne d'abattre son homme de main ainsi que Kevin. Au terme de nombreuses années de recherche infructueuse, Finney récupère enfin le rouleau. Il débute son étude dans le vingt-quatrième sous-sol de Billy Land, avec l'aide de scientifiques.
En 1981, il accepte d'assurer la sécurité de Kevin Goodman, à la demande de Chuck Culkin. Neuf ans plus tard, alors que la suite de chiffres du rouleau vient enfin d'être décryptée, Finney est assassiné par un collègue à la solde de Morehouse : le professeur s'approprie le comité d'études historiques de Billy Bat en même temps que le rouleau.
Smith
À l'été 1949, Smith, un inspecteur de la CIA de passage au Japon, s’intéresse de près aux activités de Charlie Ishizuka, suspecté d’être communiste. Son enquête l'amène à faire la connaissance de Kevin Yamagata. Le nom d'emprunt de l'inspecteur ne trompe pas Finney : les relations entre les deux hommes sont tendues.
Smith enquête par la suite sur la disparition mystérieuse de Sadanori Shimoyama. Il rencontre notamment Kurusu un soir, sans pour autant réussir à cerner ses véritables motivations. Ni à élucider l'affaire Shimoyama.
Le plus grand fan de Kevin Yamagata
En 1962, Smith, de retour aux États-Unis, mène une enquête interne sur la CIA : il est convaincu qu’une affaire « qui sent le soufre » se prépare. Il ne perd pas espoir de retrouver Kevin Yamagata, treize ans après leur première rencontre. L'inspecteur est l'un des plus grands fans de Billy Bat, et des oeuvres de l'auteur en général, comme il le confie aux hommes de Finney qu'il croise sur sa route.
Smith parvient à retrouver Kevin Yamagata, dans le village perdu où il s'est réfugié. Il décide de croire le récit surprenant du dessinateur, qui se dit harcelé par une chauve-souris. Smith réussit même à sortir Kevin de sa torpeur : les deux hommes sont déterminés à empêcher l’assassinat du Président Kennedy.
Lorsqu'il apprend que le défilé de Kennedy aura bien lieu à Dallas le 22 novembre 1963, Smith rend visite en urgence à Kevin pour l'inciter à retourner au Japon, de peur qu'on l'élimine pour avoir rencontré Lee Harvey Oswald.
Au moment où ils quittent l'hôtel, Smith est blessé par balle : il ordonne au dessinateur de s'enfuir. Alors qu'il perd connaissance, Smith voit apparaître Billy Bat, qui lui ordonne d'aller à Dallas pour protéger Kevin Goodman... La chauve-souris l'avertit au passage que Kevin Yamagata part en réalité sauver le petit Goodman au lieu de Kennedy.
L'inspecteur perd également un oeil lors de cet échange de tirs, mais Kurusu intervient à temps pour le sauver. Le malfrat lui demande pour sa part de veiller sur Kevin Yamagata.
D'un Kevin à l'autre
Dix mois après cette fusillade, Kevin reçoit une lettre non datée de Smith. L’inspecteur y résume ses découvertes : Finney et Kurusu représentent tous les deux un danger et sont prêts à tout pour mettre la main sur le rouleau de la chauve-souris. Smith se dit prêt à aller au Japon pour les en empêcher. Il demande toutefois à Kevin de le remplacer s’il n’a plus de nouvelles de lui au moment où il reçoit la lettre…
Smith refait surface en 1981, dans le New Jersey, sous un nouveau look. Il suit de près les activités nocturnes de Kevin Goodman, et finit par lui sauver la vie alors qu'un policier véreux s'apprêtait à l'abattre. L'ancien agent de la CIA est déterminé à protéger Kevin coûte que coûte : il le forme à l’auto-défense et se montre impressionné par ses capacités de communication d’égal à égal avec Billy Bat.
En 1990, Smith, devenu pensionnaire d'une maison de retraite, est menacé par des tueurs lancés sur la piste de Kevin Yamagata. Il est cependant sauvé par Duvivier, qui lui confirme la survie de son dessinateur fétiche.
Peu avant de mourir – probablement en 1990 -, Smith, retiré dans un lieu inconnu (le pays basque?), reçoit une dernière visite de Duvivier. Il lui révèle que la chauve-souris l'avait prévenu qu'il veillerait à son tour sur Kevin Goodman.
Smith affirme aussi que Billy contactera un jour l'ex-tueur, lorsque l'heure sera grave, et qu'il devra l'écouter très attentivement. Il conclut : « Ainsi, tôt ou tard, ils parviendront ici... où moi-même je suis enfin arrivé pour finir mes jours. »
Jackie/Jacky Momochi
Jackie (dont le prénom devient « Jacky » à partir du huitième tome) Momochi est réputée pour son franc-parler : son père Randy en est la première victime... L'étudiante en histoire ne partage pas son enthousiasme débordant pour le Billy Bat de Kevin Yamagata. Jackie préfère en effet la version de Chuck Culkin.
C'est toutefois un numéro de la série originale qui lui permet d'entrer en contact - bien malgré elle - avec la chauve-souris. Billy Bat lui explique qu'il essaye de lui parler depuis son enfance. Sans succès, faute d'un bon « transmetteur ».
Témoin de l'innocence d'Oswald
L'étudiante, d'abord méfiante, finit par suivre les conseils de la chauve-souris. Jusqu'à se voir investie d'une mission de la plus haute importance : se rendre au Japon avec Kevin pour retrouver rouleau de Kanbei et ainsi empêcher la « fin du monde »…
Jacky s'apprête à quitter Dallas le 22 novembre 1963, quelques jours après avoir sympathisé avec Lee Harvey Oswald. Elle décide finalement de rester le temps du défilé de Kennedy. Sans se douter qu'elle va assister à l'assassinat du président, depuis le quatrième étage du dépôt de livres scolaires, aux côtés d'Oswald... La jeune femme peut donc témoigner de son innocence. Oswald, guidé par la chauve-souris, finit toutefois par se rendre à la police pour permettre à Jacky de s'enfuir.
Sur la piste du rouleau
Dix mois plus tard, Jackie accompagne son père, heureux gagnant du concours Golden Cola, à Tokyo. Elle parvient à localiser le rouleau sur une carte et transmet cette information à Kevin Yamagata.
Le trio finit par arriver au village Kômori et par récupérer le rouleau. Les connaissances historiques de Jackie lui permettent d'identifier la mystérieuse carte en forme de coeur : elle reconnaît le pays basque, terre natale de François Xavier.
La jeune femme est prête à accompagner Kevin en Espagne, mais le dessinateur refuse de l'impliquer à nouveau. Il la remercie en revanche de l’avoir aidé à retrouver sa passion pour le dessin.
Jackie et son père sont présents lorsque Kevin se fait tirer dessus. La jeune femme se tient au chevet de Kevin à l'hôpital, après son opération : elle espère son réveil et lui rappelle qu'ils sont censés aller au pays basque ensemble.
En 2001, Jackie travaille en tant que guide de musée à New York. Elle élève seule sa fille Maggie depuis le départ de son mari, endetté à la place d'un autre. Billy Bat la recontacte à l'approche du 11 septembre, pour son plus grand regret... Yamashita, guidé par la chauve-souris, retrouve Jackie à New York. Ils tentent de rencontrer Kevin Goodman.
Jackie finit par rencontrer Kevin et par lui délivrer le message de Billy : Timmy Sanada ment en prétendant voir la chauve-souris.
Effondrée après les attentats du 11 septembre 2001, elle finit par se ressaisir et par rencontrer Kevin par hasard dans une librairie. Elle se rappelle alors qu'elle avait promis à Kevin Yamagata d'aller ensemble au pays basque... et révèle cette information à son homonyme.
Timothy Charles Sanada
Né en 1981, Timothy Charles Sanada – plus connu sous le nom de Timmy – est le fils illégitime du faux Chuck Culkin. Timmy ignore qui est son père et ne garde aucun souvenir de sa rencontre fortuite avec Chuck puisqu'elle a eu lieu alors qu'il était encore bébé, sur la colline d'Hollywood où l'escroc avait séduit sa mère. Chuck semble toutefois véritablement ému d'apprendre qu'il a un fils : il affirme qu'il est né « sous les meilleurs auspices ».
Dessiner Billy Bat, un rêve d'enfant
Timmy, qui a aussi des origines japonaises par ses arrière grand-parents, est doté d'un véritable talent artistique. Il grandit notamment en dessinant sans relâche son personnage préféré, Billy Bat. Une passion qui l'amène à aller présenter son travail à Kevin Goodman en 1990, à l'âge de neuf ans. Impressionné par le talent du petit garçon, l'auteur de Billy Bat lui conseille de revenir le voir lorsqu'il aura élaboré un scénario. Sans forcément se douter que Timmy prendra son conseil à la lettre.
Cette même année, Timmy rend surtout visite à Chuck Culkin à l'hôpital où il vit ses derniers moments. Le petit garçon se présente à lui sous le simple nom de Timmy, sans que l'on sache si Chuck reconnaît son fils.
La mère de Timmy meurt peu après son entrée à la faculté d'audiovisuel d'UCLA, où il étudie l'infographie. En 2001, le jeune homme de 21 ans retourne présenter son travail à Kevin Goodman. Cette fois-ci, ses dessins – réalisés au crayon, malgré ses compétences sur ordinateur - s'accompagnent de véritables scénarios travaillés, qui introduisent même une figure de méchant (un avatar de Ben Laden) qui manquait à Kevin Goodman, en panne d'inspiration.
Timmy accepte de devenir le « ghostwriter » de Kevin Goodman : il affirme vouloir dessiner Billy Bat avant tout. Il se moque donc d'être crédité en tant qu'auteur. Les efforts de Kevin Goodman lui permettent cependant d'être crédité à ses côtés sur la couverture du nouveau numéro, le premier depuis une pause d'un an et demi, qui rencontre un succès colossal. Et qu'il a bien réalisé tout seul, quoi qu'en disent les crédits... Audrey lui confie dès lors les rênes de la série.
Élu philanthrope ou escroc?
La timidité et la nature joviale de Timmy intriguent tout de même ses nouveaux collaborateurs. Duvivier, qui est chargé de trouver un successeur à Kevin Goodman, n'arrive pas à cerner sa personnalité bien qu'il présente tous les « critères d'authenticité » requis. Et Kevin lui-même s'interroge sur la capacité de Timmy à dialoguer avec la chauve-souris : Timmy nie dans un premier temps, expliquant qu'il s'est toujours parlé à « lui-même » quand il dessine. Mais il affirme ensuite : « Billy sait ce qu'il dit. Ses indications sont toujours parfaitement logiques. »
Timmy semble déterminé à oeuvrer pour le bien dans le monde car celui-ci s'engage « dans une mauvaise direction ». Éradiquer la faim, donner l'accès à l'eau potable pour tous... autant d'objectifs pour l'instant irréalisables qu'il compense en distrayant les gens avec sa bande dessinée. Il reverse d'ailleurs tous ses droits d'auteur aux enfants qui souffrent de la famine, afin de se « rendre utile aux autres », une philosophie qu'il applique depuis son enfance.
Le dessinateur s'intéresse aussi à Chuck Culkin l'usurpateur : Kevin Goodman répond franchement à ses questions et lui révèle qu'il s'attribuait bien les créations du véritable Chuck. Timmy partage sa dernière révélation avec Kevin : les deux tours menacées par les ennemis de l'Amérique se trouvent à New York.
Le 11 septembre 2001, l'avènement de Timmy aux commandes de Billy Bat
Juste avant le 11 septembre 2001, Timmy Sanada est officiellement désigné comme le nouveau dessinateur de Billy Bat par Audrey Culkin, qui annonce la retraite de Kevin Goodman – sans son accord. Le dessinateur refuse par ailleurs de publier la quatrième de couverture de son prédécesseur, qui incitait les lecteurs à éviter New York.
Le 11 septembre 2001, le premier numéro de Billy Bat signé du seul Timmy Sanada sort en kiosques. Le dessinateur découvre l'attentat contre les deux tours à la télévision et le commente dans un demi-sourire : « en plein dans le mille ». Il est conscient du statut de prophète qui l'attend dans les médias, maintenant que sa prophétie en bande dessinée s'est réalisée.
Après les attentats, Timmy décide de revenir à la version plus joyeuse de Billy Bat, celle du véritable Chuck Culkin, car il estime que le monde « a besoin de sa bonne humeur en ces temps de noirceur ». Audrey accepte.
Lorsque Chuck lui demande si ce retour à sa version du personnage est une requête de la chauve-souris, Timmy répond par l'affirmative. Avant de se tourner vers le portrait de son père pour lui demander confirmation...
- Henry-Charles Duvivier
- Zôfû Karama
- Shisho, le « maître »
- Kotarô Akechi
- Audrey Culkin
- Diane et Tony Goodman
- Randy Momochi
- Kanbei
- Yajirô Mimizu
- Morehouse
- Yamashita
Henry-Charles Duvivier
Réputé pour ses bonnes manières, Henry-Charles Duvivier travaille comme tueur à gages pour Chuck Culkin, l'usurpateur. Son nom et son vocabulaire laissent supposer son origine française. Mais ses interlocuteurs japonais sont surtout impressionnés de le voir parler couramment leur langue.
Meurtres en série au village Kômori
Duvivier se rend à Osaka en 1964 : il cherche officiellement à acquérir un terrain de plus de 65 hectares pour construire le premier parc Billy Land du Japon. Il est en réalité à la recherche du rouleau de Kanbei. Il remonte ainsi rapidement jusqu’au village de Kômori (qui signifie « chauve-souris » en japonais), situé dans la péninsule de Kii.
Duvivier distribue des écussons Billy Bat aux enfants mais n'hésite pas à assassiner successivement le maire du village, le doyen et le suppléant du maire au seul motif que les trois hommes ont refusé de lui céder la propriété du village…
Duvivier finit par retrouver la trace de Zôfû et s’apprête à l'éliminer par pendaison. Il brûle ses exemplaires originaux de Bat Boy en lui expliquant que son métier consiste à faire disparaître toute « imitation » du Billy Bat de Chuck Culkin. Et leurs auteurs, lorsqu’il en a l’occasion. Les propos pour le moins intrigants de Zôfû au sujet de ses parents, Gary et Sissi, amènent toutefois le tueur à relâcher sa vigilance. Il accepte même de libérer Zôfû, dans l'espoir qu'il le mène jusqu'au rouleau. Le mangaka en profite pour s'enfuir.
La rédemption par la bande dessinée
Le tueur à gages accompagne ensuite Kevin et son groupe, toujours dans l’espoir de trouver le rouleau. Mais, lorsqu'il comprend que leurs recherches n'aboutiront pas, il révèle sa véritable nature et reprend le dessus. Il est sur le point de pendre Kevin lorsque le dessinateur lui propose de dessiner l'histoire de ses parents. Duvivier l'observe dessiner, et commence à douter de l’authenticité du Billy Bat de Chuck Culkin, auquel il a pourtant dédié toute sa vie.
Duvivier est ému aux larmes par les planches de Kevin : il y voit sa mère lui expliquer qu’il ne peut rattraper les erreurs commises dans le passé. Elle l'invite en revanche à la rédemption. Perturbé, Duvivier se met alors à chantonner la formule de Billy Bat Hour (« Billy Bat, Billy Bat… Billy, Billy Bat! Viens exaucer mon voeu, Billy Bat! ») : la chauve-souris lui apparaît. Sous le choc, Duvivier essaye de s’en débarrasser. Il se met à courir, paniqué, jusqu’au bord d’une falaise où un homme – Kevin Goodman? – lui tend la main en déclarant :
Si j’échoue, c’est la fin.
L'assassin chute de la falaise : Kevin et ses compagnons arrivent trop tard pour le sauver. Ils ne retrouvent pas non plus son corps dans la rivière où il aurait pourtant dû tomber. Duvivier est en fait recueilli et soigné par Zôfû Karama, qui le convainc de rattraper ses erreurs en protégeant Kevin Yamagata.
En 1990, le tueur repenti vient au secours de Smith puis de Kevin Goodman. Il est le seul à savoir où se trouve Kevin Yamagata.
En 2001, Duvivier continue de recevoir des nouvelles de Kevin Yamagata par courrier. Il se trouve par ailleurs investi d'une mission pour le moins ironique : après avoir passé 40 ans à éliminer les dessinateurs de Billy Bat dans le monde entier, il doit désormais éplucher d'innombrables candidatures pour désigner le successeur de Kevin Goodman...
Duvivier admet que Timmy Sanada réunit tous les « critères d'authenticité » mais il ne parvient pas à cerner sa personnalité. Et, alors qu'il se fait enfin un avis sur l'auteur à la lecture de son premier numéro de Billy Bat, il est blessé d'une balle perdue dans la tête, en pleine rue, lors du hold-up d'une pharmacie.
Billy lui apparaît alors – pour sa plus grande joie et conformément à ce que lui avait dit Smith avant de mourir – et lui confie une mission : mentir à Kevin Goodman afin de le protéger le 11 septembre 2001.
Après son hospitalisation, Duvivier élimine un tueur venu l'abattre et part retrouver Kevin à New York. Le 11 septembre au matin, au World Trade Center, il lui affirme que l'attaque aura en réalité lieu à Chicago : Kevin quitte donc les lieux comme prévu.
Duvivier va ensuite inciter les employés du World Trade Center à évacuer la tour au plus vite : il espère sauver le maximum de gens « pour payer les pots cassés » de toutes les mauvaises actions accomplies danns sa vie. On ignore toutefois s'il survit à la destruction des deux tours. Kevin poste un avis de recherche à son nom.
Zôfû Karama
Ancien conteur de kamishibai (théâtre de papier), Zôfû Karama se reconvertit dans la création de mangas dès 1945, avec la parution du premier volume des Aventures de Bat Boy, son héros chauve-souris.
La reconversion de Zôfû est fondée sur une véritable conviction : l'artiste est en effet persuadé que l’avenir appartient à la bande dessinée depuis qu’il a lu Shin Takarajima (La nouvelle île au trésor) d’un certain Osamu Tezuka… Un mangaka que Zôfû considère comme un potentiel « bon rival » !
Un « maître » pour Kevin Yamagata
Zôfû est l’auteur du dessin de la chauve-souris noire visible sur le pilier d’une voie ferrée de Tokyo, qui a inspiré Kevin Yamagata inconsciemment au moment de créer le comics Billy Bat. Zôfû semble savoir beaucoup de choses au sujet de cette créature. Le mangaka délivre par ailleurs un cours sur l’origine du dessin à son jeune disciple, peu après leur rencontre, en 1949, expliquant que tout artiste commence forcément en recopiant le travail d’un prédécesseur.
Zôfû évoque en réalité sa propre expérience : il a lui-même recopié le symbole de la chauve-souris aperçu sur un poteau électrique de Tokyo, en 1920, avant de rencontrer Shisho, son futur « maître », en prison. Shisho affirme que la chauve-souris a chargé Zôfû de le protéger lorsqu’il se trouvera en danger de mort, dans un futur proche. Zôfû est censé intervenir dans le passé pour lui sauver la vie. Le jeune dessinateur est intrigué par ce discours absurde.
Des planches prophétiques
Zôfû profite de sa brève rencontre avec Albert Einstein, en 1922, à Kobe, pour évoquer la question du voyage dans le temps et des « multivers ». Le génie scientifique lui révèle l’existence des deux chauve-souris : une noire et une blanche.
Le mangaka semble pour sa part doté d'un pouvoir de divination : il parvient en effet à dessiner à l’avance des événements qui vont bientôt se produire. Il met ainsi en forme (grâce à l'apparition de la chauve-souris?) la disparition de Sadanori Shimoyama avec un jour d'avance. Mais ses visions doivent être retranscrites de manière quasi-immédiate sur le papier, sous peine de les oublier. Zôfû se reproche d’ailleurs constamment de dessiner trop lentement : il est convaincu que Kevin est le seul à pouvoir contrecarrer « ceux qui voudraient tirer les ficelles de l’histoire ».
La retraite au village Kômori
En 1964, Zôfû dessine loin de Tokyo : il s'est installé dans l’ermitage du village Kômori, où s’était retiré Kanbei des siècles auparavant. Le mangaka à la longue barbe blanche passe beaucoup de temps avec son « plus grand fan » (un peu simplet), Yamashita. Mais il continue surtout de dessiner ses visions. Zôfû retrace notamment toute l’histoire de Kanbei sous forme de bande dessinée. Lorsqu’il apprend qu’un « étranger » distribue des écussons Billy Bat dans le village, Zôfû charge Yamashita de s'enfuir avec ses planches pour les remettre à Kevin.
Zôfû prend lui aussi la fuite mais Duvivier parvient quand même à le retrouver. Le mangaka, sur le point d'être pendu par Duvivier, qui a également brûlé ses exemplaires originaires de Bat Boy, lui confie les prédictions formulées par Shisho en 1920. Zôfû finit par s'extirper de cette situation dangereuse, empêchant ainsi Duvivier de mettre la main sur le rouleau, qu'il avait en fait confié au policier du village.
Le mangaka recueille le tueur après sa chute : il le soigne et lui conseille de rattraper ses actes en protégeant Kevin Yamagata.
En 2001, Yamashita rend hommage à Zôfû sur sa tombe. On ignore cependant à quelle date il est décédé. Un autre visiteur, qui se présente comme un « simple dessinateur » (Kevin Yamagata?) est reparti semaine plus tôt après avoir gravé le symbole de la chauve-souris sur la sépulture du mangaka.
Shisho, le « maître»
Ce colosse de près de deux mètres, qui arbore un tatouage de chauve-souris sur le torse, rencontre Zôfû dans une prison de Tokyo, en 1920. Les motifs de sa propre incarcération restent inconnus, mais ses voisins de cellule lui ont trouvé un surnom approprié : « le monstre ». Le prisonnier préfère son nom de plume, Shisho, qui signifie « maître ».
Un modèle pour Zôfû et Kurusu
Shisho attendait en réalité l’arrivée de Zôfû : il lui confie avoir dessiné la chauve-souris gravée sur un poteau électrique à l’entrée du quartier Yoshiwara. « Le monstre » lui montre ensuite fièrement ses graffitis muraux. Ils racontent l'histoire de Gary et Sissi, un couple heureux jusqu'à la naissance de leur fils monstrueux, Henry-Charles (Duvivier)…
Shisho explique ensuite à Zôfû que la chauve-souris l'a chargé de le protéger : il lui suffira d'appeler Shisho à l'aide, dans le futur, pour que celui-ci empêche, dans le passé, la naissance d'Henry-Charles Duvivier en éliminant ses parents... Le colosse semble par ailleurs au courant des propriétés du rouleau de la chauve-souris puisqu’il le compare à une « gomme » permettant d’effacer les événements.
Au cours de l’été 1923, Shisho rencontre le petit Kiyoshi Kurusu, guidé à lui par la chauve-souris. Le colosse lui explique qu’il existe deux chauves-souris, une blanche et une noire. Il partage également un précepte, qui deviendra crucial pour Kiyoshi :
Tout ne dépend que de toi.
Shisho sermonne également le petit garçon sur les attraits de la criminalité : celle-ci lui permettrait de mener une vie tranquille mais lui garantirait inévitablement de « plonger tout droit en enfer » un jour. Shisho reconnaît avoir lui-même « changé de vie » et se dit guidé sur le droit chemin par la chauve-souris. Enfin, le colosse promet à Kiyoshi de lui apprendre à dessiner la créature à son retour d’Amérique… sans se douter qu’il mourra là-bas en sauvant Sissi.
Un sacrifice inutile?
En 1924, Shisho, installé à Los Angeles, suit de près un mystérieux tueur en série qui cible uniquement des Japonais. Le colosse arrive toujours trop tard sur les lieux des crimes, mais il trace à chaque fois le symbole de la chauve-souris dans le sang des victimes pour indiquer au meurtrier qu’il est sur sa trace. Shisho finit par rencontrer Sissi, l'épouse du lieutenant Gary Duvivier. Il l'avertit de la nature monstrueuse de son futur enfant, sans toutefois se résoudre à la tuer pour empêcher cette naissance.
Shisho aide finalement Sissi à fuir après qu’elle ait découvert que son mari était le meurtrier des Japonais. Le colosse parvient à éliminer Gary, au prix de sa propre vie. Il rend son dernier souffle en se félicitant d'avoir désobéi à la chauve-souris. Mais celle-ci lui apparaît une dernière fois pour lui révéler que tout s'est en réalité passé comme elle l'avait prévu...
Kotarô Akechi
Kotarô Akechi est le fils d’un cheminot de la compagnie des chemins de fer nationaux japonais. À ce titre, il connaît bien Sadanori Shimoyama, un ami proche de son père : Kotarô profite de chacune de ses visites pour récolter de l’argent de poche… Le jeune garçon rêve de devenir ingénieur en astronautique. Il est particulièrement fasciné par la Lune, qu’il admire tous les soirs, au bord d’un chemin de fer.
En 1949, l’étudiant, qui a grimpé sur cette même colline pour fumer en cachette, aperçoit Kevin et le gérant de gargote s’enfuir après avoir déposé le corps de Charlie Ishizuka sur les rails. Kotarô est même éclaboussé de sang après le passage d’un train : cette funeste expérience l'amène à laisser tomber ses projets d’astronautique pour se tourner vers le cinéma, un domaine qui le passionne déjà depuis un moment.
À l'origine du faux alunissage américain
Quinze ans plus tard, en 1964, Akechi s'est fait une notoriété en réalisant les effets spéciaux du film à succès Gazura, le monstre géant. Il refuse même une offre de Kirk Douglas pour s’engager avec Chuck Culkin Enterprise, qui lui propose un million de dollars pour réaliser un court-métrage, dans un gigantesque hangar perdu dans le désert d'Arizona. Akechi accepte ainsi de réaliser un véritable film de propagande censé faire croire, en pleine guerre froide, que les États-Unis ont posé le pied sur la Lune avant l’URSS…
Cet alunissage factice des États-Unis est approuvé par de haut gradés de l'armée américaine. Akechi signe alors un contrat à « 300 millions de patates », assorti d’une clause pour le moins originale : le cinéaste consent à rester sur le territoire américain jusqu’en 1969…
Cette année-là, le 20 juillet, au Space Center de Houston, le cinéaste assigné à résidence réalise, pendant la transmission télévisée d'Apollo 11, que les images réelles de l’événement ont été remplacées par son film de fiction. Dans la salle de contrôle, Akechi comprend l'origine de cette manipulation : après la découverte par Apollo 11 du symbole de la chauve-souris sur le sol lunaire, la NASA décide de cacher cette vision inquiétante au public. Depuis sa découverte de ce secret d’État, le réalisateur d'effets spéciaux fait l’objet d’une surveillance permanente.
En 1981, Akechi déprime dans son studio d'enregistrement KASFX, dans le New Jersey : les commandes se font rares. Il se remotive cependant pour le clip musical de Phil, un camarade musicien de Kevin Goodman : Akechi lui suggère de réaliser une intro de dix minutes, basée sur un véritable scénario et une danse de morts-vivants… sans se douter qu’il anticipe ainsi le clip de Thriller, et le succès mondial du titre de Michael Jackson.
Akechi, qui se refuse catégoriquement à réaliser des vidéos en rapport avec la Lune, car il a « déjà donné », regrette que ses « faits et gestes [soient] épiés depuis 1969 », comme il le confie à Kevin Goodman lors d'un repas.
Audrey Culkin
Audrey obtient toujours ce qu'elle veut de la part de son père, Chuck Culkin. La jeune femme habituée aux jupes très courtes et aux décolletés plongeants n'hésite pas non plus à lui rappeler ses goûts pour les femmes bien plus jeunes lorsqu'il a le malheur de critiquer son style vestimentaire...
Tel père telle fille
Audrey découvre le mensonge de son père dès son plus jeune âge, lorsqu'elle rencontre par hasard le véritable Chuck dans son atelier. Dès lors, elle ne cesse de reprocher ses mensonges à Chuck.
En 1981, Audrey s'intéresse à Kevin Goodman et à ses graffitis. Elle lui propose de devenir son mécène, persuadée qu’il est le second Andy Warhol, mais le jeune homme refuse. Elle tente parallèlement d'inciter à son père à confier la succession de Billy Bat à Kevin. Audrey finit par convaincre le dessinateur de l'accompagner à Los Angeles, où il accepte de reprendre le comics.
Audrey ne cache pas son objectif : hériter à elle seule de l'immense fortune de son père, dont on ne compte plus les enfants illégitimes... La jeune femme s'intéresse par ailleurs aux trois mythes en vogue à son époque. Elvis Presley serait toujours en vie, l'homme ne jamais allé sur la Lune, et tous les imitateurs de Billy seraient systématiquement éliminés par des agents de Culkin Enterprise.
Le patrimoine d'Audrey est estimé à quarante-sept milliards de dollars après la mort de son père.
En 2001, forte de son expérience de plus de dix ans à la tête de l'empire Billy Bat, Audrey apprécie déjà plus son défunt père. Elle reconnaît qu'elle ne l'aimait pas mais admire son génie commercial. Audrey marche d'ailleurs dans les pas de Chuck puisqu'elle fait désormais preuve du même cynisme, motivée par un seul objectif : le profit et la durabilité de Billy Bat.
Elle dément ainsi l'appel à succession lancé par Kevin Goodman avant de désigner Timmy Sanada comme son « ghostwriter ». Elle finit cependant par accepter qu'il soit co-crédité sur la série, aux côtés de Kevin Goodman, même si celui-ci n'a nullement écrit ou dessiné le dernier chapitre, qui remporte un succès colossal.
Le 10 septembre 2001, Audrey apparaît dans Billy Bat Hour pour annoncer la retraite de Kevin Goodman – qu'elle n'a pas consulté – et sa relève par Timmy Sanada, qu'elle présente comme « l'un des plus grands artistes du XXIème siècle ». Audrey empêche ainsi la diffusion de l'avertissement enregistré par Kevin Goodman.
Après les attentats du 11 septembre 2001, elle maintient la date de sortie du long-métrage Billy Bat et autorise Timmy à revenir à la version de Billy Bat réalisée par le véritable Chuck. Elle affirme que « le monde a plus que jamais besoin de Billy Bat ».
Diane et Tony Goodman
Diane et Tony sont tous les deux originaires de Floride mais d'origine sociale bien différentes : lui est le riche héritier blanc de la société Golden Cola, elle est une simple employée de cette entreprise. Tony tombe sous le charme de Diane après son intervention remarquée lors d'un conflit entre employés noirs et blancs. En 1959, les fiancés se rendent à New York pour se marier, les unions interraciales étant interdites en Floride. Un membre de la famille de Tony s’oppose toutefois à cette union en pleine cérémonie au seul motif que sa fiancée est noire.
Tony ne réagit pas lorsque Diane quitte l'église. Il décide toutefois de la rattraper après coup et y parvient grâce à l’aide de Randy Momochi. Près de la gare de Grand Central, sous le regard médusé des manifestants noirs et des manifestants blancs qui s’apprêtaient à se ruer dessus, les deux époux s’embrassent fougueusement.
Les ambassadeurs du Golden Cola
Tony Goodman est un inconditionnel du Billy Bat de Kevin Yamagata : il est fréquemment ému aux larmes à la lecture du comics. Il déteste en revanche la version de Chuck Culkin.
En 1960, les Goodman, qui attendent un heureux événement, font route vers Dallas : Tony est chargé d'y implanter la marque Golden Cola. Le trajet se révèle particulièrement dangereux puisque le couple échappe de justesse à de dangereux racistes... Pour la première fois, Tony se montre courageux.
Trois ans plus tard, les Goodman ont réalisé leur objectif : Golden Cola s'est imposé à Dallas. Leur fils Kevin - prénommé en hommage à Kevin Yamagata - a déjà bien grandi. Le 22 novembre, la famille Goodman frôle toutefois le drame : à 12 heures 30, au moment où JFK est assassiné, le petit Kevin est sauvé d’une balle perdue par Kevin Yamagata.
Le couple remercie le dessinateur dix mois après l’assassinat de Kennedy en lui offrant un voyage au Japon.
Randy Momochi
Randy Momochi revendique fièrement son origine japonaise aux clients qui montent dans son taxi, bien qu'il soit né aux États-Unis et n'ait jamais mis les pieds sur l'archipel. Il porte le même prénom japonais que Kevin Yamagata : Kinji, qui signifie « riche ». Randy est un descendant de la famille Momochi, comme le prouvent son patronyme et son apparence physique.
Un pion de la chauve-souris
En 1959, ce père de famille divorcé arpente les rues de New York avec son fidèle « co-pilote », une figurine de Billy Bat qui lui parle régulièrement. Randy suit ses consignes à la lettre : il aide ainsi Tony et Diane à se retrouver devant la gare de Grand Central. La chauve-souris s'assure ainsi de la pérennité du couple, afin qu'il donne naissance au petit Kevin, successeur désigné de Kevin Yamagata... Après avoir rempli cette mission, Randy décide cependant d’ignorer les conseils de Billy : il part retrouver sa femme et sa fille.
Quatre ans plus tard, Randy travaille toujours comme chauffeur de taxi, mais vit désormais avec sa fille Jackie. La fierté de Randy pour ses origines japonaises semble s’être accrue avec l’âge : il essaye en vain de la transmettre à sa fille... Randy tente par ailleurs de gagner un voyage gratuit au Japon en collectionnant les capsules de Golden Cola. La chance (ou un coup de pouce de Kurusu, son client de la veille?) l’amène à gagner le fameux concours en septembre 1964 : Randy s’envole à Tokyo avec Jackie. Il se met en tête de retrouver les sépultures de ses ancêtres pour leur rendre hommage.
Randy accompagne Jackie et Kevin au village Kômori. Alors qu'il est pris en otage par Duvivier, l'héritier Momochi révèle que sa figurine de Billy Bat avait été confectionnée par sa femme, avant la sortie des produits dérivés de la version Culkin : son épouse avait ensuite légèrement modifié ses yeux pour qu’elle plaise à Jackie, adepte de la deuxième mouture du personnage. On comprend ainsi comment Randy parvenait à communiquer avec Billy dans son taxi malgré un « relais » a priori inadapté.
Après l'arrivée des hommes de Finney au village Kômori, Randy assiste, avec Jackie, à la mort de Kevin, sans pouvoir l'empêcher.
Kanbei
Au XVIème siècle, la rapidité de Kanbei lui permet de se démarquer des autres shinobis. Ses aptitudes lui valent ainsi d'être le meilleur ninja au service de la puissante famille Momochi, installée dans la province d’Iga.
Les talents de Kanbei se manifestent dès son plus jeune âge. Sa popularité suscite parfois la jalousie de ses trois camarades apprentis ninjas : Gonnosuke, Shin, et Gen. Le trio est en effet convaincu que Kanbei serait prêt à les trahir afin de plaire aux adultes du village.
Un périple sous l'influence du rouleau?
À l'âge adulte, Kanbei est investi d'une mission cruciale. Le seigneur Tanba Momochi lui ordonne en effet de ramener le rouleau de Momochi à son fils Sandayû, en province de Kii, afin de sauver Iga, en infériorité numérique face aux troupes de Nobunaga Oda, qui convoite cet objet.
Le périple furtif de Kanbei vers la province de Kii l'oblige à éliminer tour à tour deux de ses amis d’enfance, Shin et Gen, chargés de récupérer le rouleau. Kanbei doit aussi faire face à l’influence néfaste de Billy Bat, qui s'exprime grâce au rouleau.
Kanbei parvient à survivre à ses différents agresseurs, sans toutefois pouvoir empêcher la perte de la province d’Iga. Le shinobi décide alors d’enterrer le rouleau afin de canaliser son influence néfaste. Billy Bat tente de l'en dissuader, mais le ninja se contente de l'ignorer.
Kanbei se retire ensuite dans le village Kômori pour mener une vie d'ermite. Il reçoit un jour la visite de Sandayû Momochi, qui lui reproche de ne pas avoir accompli sa mission. Kanbei lui rétorque que la chauve-souris ne lui aurait été d’aucune aide car elle ne vise que ses propres intérêts et utilise les humains comme des instruments.
L'ombre de la créature apparaît toutefois dans son dos au moment où Sandayû le menace de son sabre : effrayé, l’héritier Momochi prend la fuite.
Yajirô Mimizu
Au XVIème siècle, Yajirô Mimizu oeuvre pour la province d'Iga en tant que shinobi. Jusqu'au jour où il trahit son clan pour rejoindre le fief des Shimazu. Une félonie factice, puisqu'elle fait en réalité partie de sa mission d’agent double. Yajirô est chargé de protéger le missionnaire François Xavier et de le conduire jusqu’aux Indes. Au cours de ce voyage, Yajirô se convertit à la religion chrétienne.
Une lutte contre l'influence néfaste du rouleau
Pour autant, dès la mort de François Xavier, en Chine, il s’empare de son rouleau et se précipite à Iga, pour le remettre aux trois chefs de clans, et obtenir grande récompense. Yajirô mène ensuite une existence d’ermite dans la province d’Iga, pendant des années.
Le vieillard recueille et soigne Kanbei après l’avoir trouvé au bord d’une rivière. Yajirô retrouve ainsi le rouleau qu'il avait transporté jusqu'à Iga. Il détaille l'influence néfaste de cet objet à Kanbei et lui conseille de l’enterrer. Yajirô parvient à éliminer les agresseurs de Kanbei à la hache, avec une facilité déconcertante pour son âge.
Le vieil ermite est toutefois tué à distance par un shinobi. Ses derniers mots sont pour François Xavier, qu'il regrette d'avoir trahi à sa mort.
Morehouse
À « l'orée des années 1990 », le professeur Morehouse dirige un projet de recherche sur les phénomènes surnaturels et paranormaux à l'université de Stanford. Ce groupe, qui semble s'intéresser à la chauve-souris, est menacé de fermeture : Chuck l'escroc assure sa subsistance grâce à une généreuse donation. En 1989, sur son lit de mort, Chuck demande au professeur Morehouse d'éliminer les contrefacteurs de Billy Bat, à commencer par un auteur singapourien. Kevin Goodman figure sur sa liste.
Les assassinats d'auteurs reprennent pour la première fois depuis la disparition de Duvivier, en 1964. En échange, Morehouse obtient le bail du centre d'étude historique sur Billy Bat, à l'insu de Finney... Morehouse s'approprie les lieux en 1990, et assassine Finney, qui refuse de les lui céder.
Le successeur de Duvivier
En 2001, Morehouse, qui travaille toujours au vingt-quatrième sous-sol de Billy Land, reconnaît ouvertement auprès d'un collègue avoir fait assassiner tous les dessinateurs de Billy Bat à la demande du gouvernement américain. Kevin Goodman a cependant été épargné car il fait l'objet de conditions de sécurité particulières... et parce qu'il a arrêté de dessiner Billy Bat. Morehouse, qui est à la fois chargé de « faire le tri » autour de Billy Bat et d'analyser le rouleau, se demande si Timmy peut faire partie des « prophètes ». Il attend d'avoir plus de renseignements à son sujet pour décider s'il faut l'abattre ou non.
Jeffrey, le scientifique qui était déjà en place sous le commandement de Finney, l'informe un jour que la suite de chiffres contenue dans le rouleau pourrait bien indiquer la localisation géographique de la véritable chauve-souris. Ni la blanche, ni la noire, mais l'authentique créature...
À l'approche du 11 septembre 2001, Morehouse fait transmettre au département de la défense l'information tirée de son étude du rouleau : « Deux tours, le 11 septembre ».
Il ne cache pas son cynisme : peu lui importe que les prédictions se réalisent ou non, il veut seulement s'assurer de leur véracité et ainsi prouver les pouvoirs du rouleau.
Lorsqu'il aperçoit Jackie et Yamashita au sein de Billy Land, Morehouse ordonne à ses hommes de les arrêter et de les éliminer si besoin car ils sont des témoins (gênants) des événements survenus au village Kômori en 1964.
Yamashita
En 1964, le benêt du village Kômori est entièrement dévoué à son « maître », Zôfû Karama. Malgré sa maladresse, le colosse remplit sa mission après l'arrivée de Duvivier : guider Kevin Yamagata au village Kômori et lui transmettre les planches de Zôfû.
Yamashita, qui dévore les planches de Bat Boy dessinées par son maître, est capable de voir des chauve-souris. Zôfû lui prédit en 1964 que le « destin du monde » repose sur ses épaules.
Directeur de Billy Land
Dans les années 1970, le colosse travaille en tant qu'employé au sein du parc Billy Land Kishû. Il finit par en devenir le directeur. Le public lui doit notamment l'attraction d'horreur « La caverne de Bat-Boy », qui connaît un grand succès.
En 2001, Yamashita est licencié sans ménagement de son poste de directeur. Il part rendre hommage à Zôfû Karama sur la tombe de son défunt maître, où il découvre le graffiti d'une chauve-souris qui n'était pas là une semaine plus tôt. Une véritable chauve-souris apparaît alors : Yamashita la suit jusqu'à New York, où il retrouve Jackie Momochi, quarante ans après leur dernière rencontre...
Le colosse lui soutient qu'ils sont de simples brins de paille pour la chauve-souris mais qu'ils doivent remplir leur mission : rencontrer Kevin Goodman et lui transmettre le message reçu par Jackie. Ce qu'ils finissent par réussir à faire à New York.
Après les attentats du 11 septembre 2001, Yamashita aide de nombreux bénévoles à déblayer les décombres.
- Lee Harvey Oswald
- John Fitzgerald Kennedy
- Martin Luther King
- Sadanori Shimoyama
- François Xavier
- Hanzô Hattori
- Jésus
- Judas
- Albert Einstein
- Adolf Hitler
Lee Harvey Oswald
Resté tristement célèbre pour avoir abattu John F. Kennedy le 22 novembre 1963, puis pour s’être fait assassiner à son tour, deux jours plus tard, en direct devant de nombreuses caméras de télévision par Jack Ruby, Lee Harvey Oswald alimente encore aujourd’hui de nombreuses théories du complot.
Bien qu’il a officiellement été reconnu par le rapport de la commission Warren comme l'assassin de Kennedy, certains sceptiques pensent qu’il n’aurait pas tiré sur le président, d’autres qu’il n’aurait pas agi seul. Plusieurs éléments de l’enquête alimentent ces théories car ils incriminent Oswald de façon trop évidente : c'est notamment le cas d’une célèbre photo d’avril 1963, où Lee pose fièrement avec la future carabine du crime, ou encore du témoignage controversé de sa femme Marina au sujet de cette même arme.
« Héros de la nation »?
Dans Billy Bat, Urasawa et Nagasaki se réapproprient la thèse conspirationniste. Le duo dépeint Oswald en homme ambitieux mais malheureux, qui cherche à tout prix à devenir un « héros ». Les auteurs mélangent ainsi réalité et fiction : « leur » Oswald naît également à la Nouvelle-Orléans, devient marine à dix-sept ans avant de participer à des missions au Japon, où il apprend le russe. Le militaire part s’installer en U.R.S.S en 1959. Il y rencontre sa future épouse, Marina, avant de revenir s'établir aux États-Unis en 1963, dans le New Jersey. Un élément fictionnel puisque le couple Oswald s’était en réalité installé à Fort Worth, au Texas, en 1962.
La fiction prend le pas sur la réalité dans le manga lorsque Lee déménage en Floride, pour y incarner Billy Bat dans le parc d'attractions dédié à la chauve-souris. Un jour, celle-ci lui apparaît pour lui demander s’il souhaite devenir un « héros de la nation ». La rencontre de Kurusu, quelques jours après, le pousse à s'installer à Dallas.
Au Texas, Oswald travaille pour une agence de reprographie et passe ses journées à visiter la ville pour pouvoir en tracer un plan mental. Le jeune homme s'étonne qu'on l'ait vu à trois endroits très différents en l'espace de quelques jours : à l’ambassade d’U.R.S.S de la Nouvelle-Orléans, chez un concessionnaire du de Dallas le lendemain, puis dans un café près de Elm Street. Lee n'a pourtant visité aucun de ces lieux.
Une rencontre cruciale avec Kevin Yamagata
En 1963, Kurusu rend de nouveau visite à Oswald, pour l'inciter indirectement à assassiner le général retraité Edwin Walker afin de sauver Kennedy et les États-Unis d’un prétendu coup d’État. Lee passe à l’acte car il « apprécie énormément » Kennedy et pense par la même occasion devenir un « héros de la nation ». Billy Bat l'empêche toutefois de bien viser : sa balle ne fait que blesser Walker.
Kurusu offre une grosse somme d’argent à Oswald et lui conseille d’aller se faire oublier à la Nouvelle-Orléans. Lee s'exécute et y trouve un emploi de manutentionnaire pour un producteur de café.
Kevin Yamagata finit par rencontrer Oswald. Le dessinateur l'avertit qu’il va être désigné comme coupable d’un gigantesque complot d’assassinat s’il s’obstine à écouter la chauve-souris. Oswald, en larmes, accepte de ne pas devenir un « héros de la nation » et de disparaître. Alors qu'il s'apprête à mener une vie tranquille avec Marina, la chauve-souris lui ordonne d’aller sauver Kevin du danger qui le guette. À l’en croire, l’humanité disparaîtrait en même temps que le dessinateur…
Oswald surgit juste à temps à Mandeville Street pour sauver Kevin d'un homme de Finney. Lee démissionne ensuite de son travail et Marina le rejoint à la Nouvelle-Orléans : le couple attend un heureux événement.
C'est le moment que choisit Kurusu pour se rappeler au bon souvenir de l'ex-marine : ses menaces poussent Oswald à retourner à Dallas, où il trouve un emploi dans le dépôt de livres scolaires. Il y fait la connaissance de Jackie Momochi.
Bouc émissaire
Le 22 novembre 1963, à 12 heures 30, Oswald assiste à l'assassinat de Kennedy depuis le quatrième étage du dépôt de livres scolaires, aux côtés de Jackie. L'étudiante peut donc témoigner de son innocence. Mais Oswald, paniqué, s'empresse de fuir avec Jackie. En quittant le bâtiment, le duo croise Kurusu et ses complices, les véritables assassins du président.
Lee et Jackie se réfugient dans une salle du Texas Theater. La chauve-souris sort littéralement de l’écran pour s’adresser à Oswald. Elle lui explique qu’il sera reconnu coupable de cet assassinat aux yeux du monde entier. Billy Bat charge Oswald d’une dernière mission : détourner l’attention des policiers présents dans la salle pour permettre à Jackie de s’enfuir. Oswald se jette sur eux mais arbore un sourire satisfait au moment de son arrestation.
Le 24 novembre 1963, deux jours seulement après l'assassinat de Kennedy, Oswald est abattu par Jack Ruby dans les locaux de la police de Dallas. La scène est retransmise en direct à la télévision.
John Fitzgerald Kennedy
Plus de cinquante ans après son assassinat, le 22 novembre 1963, John Fitzgerald Kennedy, trente-cinquième président des États-Unis, élu le 8 novembre 1960, continue de fasciner.
Cette popularité repose sur de nombreux facteurs : son charisme, sa sulfureuse vie privée – notamment sa liaison extra-conjugale bien connue avec Marilyn Monroe -, sans oublier l'histoire tourmentée du « clan » Kennedy.
Le mystère qui entoure sa mort assure aussi la pérennité du « mythe » Kennedy : bien que Lee Harvey Oswald a officiellement été reconnu comme son assassin, de nombreuses théories du complot continuent de circuler.
Un animal politique (littéralement)
Kennedy est aussi resté célèbre pour son talent politique, perceptible dans plusieurs discours marquants, comme le fameux « Nous choisissons d’aller sur la Lune » de septembre 1962. Le conseil donné à ses concitoyens au cours de sa cérémonie d’investiture, le 20 janvier 1961, a lui aussi marqué les esprits :
Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays.
Dans Billy Bat, Kennedy apparaît assez rarement sous sa forme humaine : il est le plus souvent représenté sous les traits d’un chien charismatique, sous la plume de Kevin Yamagata. Le dessinateur est en effet assailli de visions récurrentes sur Kennedy : il entend notamment le discours « Nous choisissons d'aller sur la Lune » en 1959, trois ans avant qu’il soit prononcé.
Kevin est aussi au courant du complot qui attend le futur président des États-Unis : dès l'introduction du premier volume de la série, le chapitre "Dreary Night Murders " du comics Billy Bat, met en scène Marilyn Monroe et Kennedy sous leur forme animale, sans les nommer explicitement.
La victime d'un complot
En 1962, Kevin explique à Smith que la chauve-souris lui a toujours parlé du fils d’une richissime famille d’Irlandais et de ses deux frères. Selon Billy Bat, la fratrie Kennedy est en effet destinée à gouverner tour à tour les États-Unis, au cours d’un « règne » successif de vingt-quatre ans, largement suffisant pour « éclairer » la nation et la purger. Mais cette possibilité déplaît fortement à « ceux qui ne veulent absolument pas que les pans obscurs soient dissipés », d’où le danger encouru par les trois frères.
Kevin s'imagine que son sacrifice est nécessaire pour sauver la vie de Kennedy lors de son défilé à Dallas. Mais l'intrigue du manga reste conforme à la réalité historique : Kennedy meurt assassiné le 22 novembre 1963. À une différence près : Oswald est innocent, puisqu'il assiste à la scène en même temps que Jackie. Kurusu fait en revanche partie des tireurs.
Martin Luther King
La lutte non violente du pasteur Martin Luther King Jr. contre la ségrégation aux États-Unis lui a notamment valu d'obtenir le prix Nobel de la paix en 1964.
Il est resté très célèbre pour son discours, « I have a dream », prononcé le 28 août 1963 à Washington. Comme Kennedy, Martin Luther King est mort prématurément : il est assassiné par James Earl Ray en 1968, à trente-neuf ans.
Martin Luther King apparaît très brièvement dans Billy Bat, le temps de son discours « I have a dream », diffusé à la télévision au moment où Diane et Tony sont coincés dans un village du Sud profondément raciste. Dans le manga, la scène se déroule en 1960, alors qu'elle a eu lieu en 1963. Erreur historique ou transgression volontaire?
Sadanori Shimoyama
Cette figure marquante de l'immédiat après-guerre occupe le poste de directeur des chemins de fer nationaux japonais en 1949. Shimoyama est toutefois resté célèbre pour sa mort mystérieuse : le 5 juillet, il se volatilise sur le chemin du travail, un jour après avoir annoncé le licenciement de 30 000 employés. Son corps déchiqueté est retrouvé le 6 juillet sur les rails de la ligne Jôban.
Cette affaire, connue sous le nom d’incident Shimoyama, n’a jamais été résolue : on la retrouve dans le manga Ayako d’Osamu Tezuka, paru en 1972.
Assassiné par Kurusu
Dans Billy Bat, Urasawa et Nagasaki vont jusqu'à retracer les dernières heures du personnage. Dans l'Histoire réécrite par le duo, Shimoyama est assassiné d'un coup de manchette par Kurusu, après avoir été passé à tabac par ses hommes de main.
Son crime? Avoir refusé de céder au malfrat les titres de propriété de plusieurs terrains appartenant à la compagnie des chemins de fer nationaux. Kurusu comptait en donner une partie à ses employeurs américains, mais espérait surtout trouver, sur un terrain spécifique, le rouleau de la chauve-souris.
Shimoyama s'attendait toutefois à son sort : quelques jours avant le drame, il évoque les menaces de mort dont il fait l'objet au père de Kotarô Akechi.
François Xavier
François Xavier est un missionnaire jésuite d’origine espagnole, né près de Navarre mais qui grandit à Paris. Il tente d'évangéliser le Japon au cours de son séjour de deux ans sur l'archipel, d'août 1549 à septembre 1951. François Xavier a été canonisé par Grégoire XV en 1622.
Un religieux qui redonne vie à la chauve-souris
Dans Billy Bat, François Xavier se rend au Japon sur les ordres de la chauve-souris. Enfant, il découvre en effet une série de motifs sur les murs d'une grotte, au pays basque. Il les reproduit : Billy Bat apparaît alors devant lui et le remercie de l'avoir ramené à la vie.
La chauve-souris le charge de se rendre en Extrême-Orient pour remettre « quelque chose d'important » à celui « qui sauvera la Terre ». Le petit garçon accepte.
À l'âge adulte, François Xavier se lance donc dans sa mission d'évangélisation du Japon. Au cours d’une traversée en bateau, une nuit de pleine lune, François Xavier dessine une chauve-souris dans un cercle : il pense devoir se « rendre sur la Lune », en « montant à bord d’une arche propulsée par du feu ».
Sur son lit de mort, en Chine, bien des années après, François Xavier confie le rouleau à Yajirô en lui expliquant que son propriétaire peut devenir le maître absolu du monde comme être conduit à sa perte.
Hanzô Hattori
Hanzô Hattori est l’un des ninjas les plus célèbres du XVIème siècle, plus connu sous le nom de « Hanzô le démon », en référence à sa férocité guerrière. Il porte le même prénom que son père, célèbre seigneur de la province d'Iga.
Dans Billy Bat, Hattori surveille Kanbei de près dans l'espoir de retrouver le rouleau de Momochi, alors qu'il possède lui-même l'album de la chauve-souris noire. Hattori choisit d'épargner Kanbei après qu'il a enterré le rouleau.
Il expédie ensuite l'album - « une copie amplement suffisante » selon ses dires -à l'un de ses hommes par oiseau. Mais l'objet est intercepté en vol par Mitsuhide Akechi, qui aura le malheur de suivre les conseils de la chauve-souris.
Jésus
Pour les chrétiens du monde entier, Jésus est le fils de Dieu et le Messie annoncé dans l'Ancien Testament.
Dans Billy Bat, Urasawa et Nagasaki associent le parcours du prédicateur à la figure de la chauve-souris. Au cours de sa première rencontre avec Jésus, Judas lui demande de dessiner le visage du seigneur : Jésus griffonne alors, à même le sol, la silhouette de Billy Bat.
Le prédicateur autorise ensuite Judas à rejoindre son groupe. Il annonce, devant tous ses disciples, la future trahison de Judas, avant de confier dans l'intimité à ce dernier que sa félonie est nécessaire afin que « l’ultime guerre entre les fils de la lumière et les fils de l’obscurité » puisse débuter.
Lorsque Judas lui demande si la silhouette dessinée lors de leur première rencontre était bien celle de Dieu, Jésus lui répond dans un sourire qu’il s’est contenté de dessiner l’image qui était « dans sa tête ».
Conformément à sa propre prédiction, Jésus est ensuite trahi par Judas, qui le désigne aux Romains d’un baiser.
Judas
Judas ne fait l'objet d'aucun culte, mais son nom est aussi connu que celui de Jésus : on l'associe traditionnellement à la trahison.
Lors de sa première apparition dans Billy Bat, Judas, enfant, rend visite à un homme rongé par la culpabilité d'avoir vendu un ami aux Romains. Judas lui demande s’il peut lui montrer à quoi ressemblait le visage du seigneur mais l’homme s’y refuse ; le petit garçon, qui a dessiné la silhouette de Billy Bat sur le sol pendant leur conversation, rentre chez lui déçu.
Interlocuteur privilégié de la chauve-souris
La chauve-souris lui apparaît alors sous deux formes différentes, qui se disputent en permanence. Les deux chauve-souris s'accordent toutefois pour dire que l'homme crucifié ce jour-là n’était pas le messie. Elles ajoutent que « l’oint du seigneur n’apparaîtra pas de si tôt ». Judas cherche à distinguer la chauve-souris blanche de la noire mais les deux Billy ne lui donnent aucun indice. Les deux créatures lui laissent aussi déterminer si elles sont Dieu lorsqu'il leur pose la question.
Devenu adulte, Judas continue à rechercher le messie. Il demande à Jésus de représenter Dieu : l'homme s'exécute en dessinant la chauve-souris. Judas décide alors de le suivre, convaincu d'avoir atteint son but. Jésus désigne Judas comme futur traître lors d’un repas avec ses fidèles : Judas vend effectivement son ami aux Romains peu de temps.
Il est toutefois hanté par son acte, comme il le confie à un petit garçon venu l'écouter... dans une scène-miroir de sa première apparition.
Peu avant la trahison de Judas, Jésus lui explique toutefois que celle-ci est nécessaire, afin que « l’ultime guerre entre les fils de la lumière et les fils de l’obscurité » puisse débuter. Judas profite de cette dernière entrevue pour demander au messie si Dieu a vraiment l’apparence d'une chauve-souris. Jésus lui répond alors, dans un sourire, qu’il a simplement représenté l’image qui « était dans sa tête ».
Albert Einstein
Le génie scientifique mondialement connu, à l'origine des plus célèbres théories mathématiques (la relativité restreinte, la gravitation, l'équation E=mc2...) et sacré du prix prix Nobel de physique en 1921, a effectué un séjour d’un mois au Japon l'année suivante.
Naoki Urasawa et Takashi Nagasaki choisissent logiquement d'introduire Albert Einstein dans le manga à cette occasion. Ainsi, le 17 novembre 1922, Zôfû Karama demande un autographe à Einstein, peu après son arrivée à Kobe. Et profite de l'occasion pour lui parler de la chauve-souris.
Un connaisseur du rouleau
Le scientifique lui déconseille de tenter de « voyager dans le temps » : il le menace même de retourner dans le passé pour tuer ses parents et l’empêcher de naître s’il envisageait un tel projet. Einstein lui révèle ensuite l’existence de deux chauve-souris, une blanche et une noire. Il conclut cette brève rencontre en affirmant que la Terre sur laquelle ils se trouvent est la « dernière rescapée », toutes les autres ayant été « anéanties ». Sa source? La fameuse chauve-souris…
Albert Einstein rencontre aussi Finney, dans des circonstances qui restent toutefois inconnues : le complice de Culkin lui affirme que la comptine de Billy Bat Hour (« Billy Bat, Billy Bat… Billy, Billy Bat! Viens exaucer mon voeu, Billy Bat! ») est la « formule » qui permet de réaliser ses « rêves ». C'est du moins ce qu'aurait affirmé Einstein.
Des conseils avisés à Hitler
À l’automne 1931, dans la périphérie de Berlin, Adolf Hitler, qui est encore le simple leader du Parti national socialiste (NSDAP) presse Albert Einstein de questions sur le rouleau. Hitler souhaite l'utiliser pour remonter le temps et empêcher la mort de sa nièce Geli, «l’amour de sa vie ».
Cette perte l’a dévasté, au point qu'il envisage de mettre fin à sa carrière politique. Il décide finalement de la continuer et de rencontrer Zôfû Karama, le dessinateur évoqué par Einstein.
Avant de partir, Einstein lui déconseille d'écouter la chauve-souris blanche. Sans quoi « la Terre entière connaîtra l’enfer » avant qu'Hitler soit lui-même trahi par la créature.
Adolf Hitler
Faire intervenir Hitler dans une intrigue, même fictive, relève du pari risqué. Osamu Tezuka s'est prêté à l'exercice dans les années 1980 avec son Histoire des trois Adolf.
Naoki Urasawa marche donc dans les pas de son auteur fétiche en attribuant un rôle majeur à Hitler dans Billy Bat...
Le maître à penser de Chuck Culkin
Le Führer est en effet indirectement à l'origine de l'empire commercial érigé par Chuck Culkin l'usurpateur. En 1944, le lieutenant qui ne porte pas encore ce nom est épargné à la demande d'Adolf Hitler alors qu'il allait être exécuté. La raison invoquée? Le lieutenant est le seul prisonnier à avoir choisi le symbole de la chauve-souris parmi les différents dessins exposés avant le peloton d'exécution...
Hitler lui propose de devenir « l’homme le plus riche du monde », avant de lui confier un regret : ne pas avoir été reçu à l'académie des beaux-arts de Vienne au motif que ses tableaux ne dégageaient « aucune sensibilité ».
Hitler répète au lieutenant qu’il deviendra richissime à condition d’accepter une mission simple : s’installer aux États-Unis sous une fausse identité fournie par ses soins pour propager l’image de la chauve-souris. Hitler lui suggère pour ce faire d’utiliser la bande dessinée mais aussi les films d’animation, qu'il juge dans « l’air du temps », et d'exterminer les auteurs de contrefaçon. Il recommande enfin au lieutenant de ne pas se mettre à dos les hommes à la recherche du rouleau, mais au contraire de les amadouer.
À la recherche du rouleau
Hitler tente lui-même de trouver le rouleau. Treize ans plus tôt, à l'automne 1931, celui qui n'est encore que le leader du Parti national socialiste (NSDAP) presse en effert Albert Einstein de questions à son sujet.Hitler souhaite le récupérer pour remonter le temps et empêcher la mort de sa nièce Geli, «l’amour de sa vie ». Une perte qui l’a dévasté, et lui fait même envisager de mettre fin à sa carrière politique.
Il décide finalement de la continuer et se met en tête de rencontrer Zôfû Karama, un dessinateur dont il apprend l'existence par Einstein. Dans l'Histoire réécrite par Urasawa et Nagasaki, le Führer conclut donc une alliance entre l'Allemagne et le Japon dans le seul espoir de « s’attacher les services » du dessinateur…
Avant de partir, Einstein lui déconseille d'écouter la chauve-souris blanche. Sans quoi « la Terre entière connaîtra l’enfer » avant qu'Hitler soit lui-même trahi par la créature.
En 1944, le Führer s’intéresse encore au rouleau, même s’il trouve désormais sa légende « extravagante ». Chuck Culkin s'installe pour sa part aux États-Unis avec quelques-unes de ses oeuvres, qu'il juge « lourdes et encombrantes ». À l'exception de sa dernière toile : une chauve-souris qui déploie ses ailes au milieu d’innombrables cadavres...
Lieux et objets clé
Tour d'horizon des fils conducteurs de l'intrigue.
- Le rouleau de la chauve-souris
- L'album de la chauve-souris noire
- Le Golden Cola
- Billy Bat Hour
- Billy Land
Le rouleau de la chauve-souris
Ce rouleau traverse les époques en suscitant à chaque fois les convoitises de nombreux hommes avides de pouvoir.
François Xavier, le premier porteur
Il est remis à François Xavier par la chauve-souris lorsque le petit garçon la ramène à la vie dans une grotte basque, au XVIème siècle. François Xavier accepte d'en devenir le « porteur » et de l'acheminer jusqu'en Extrême-Orient. La chauve-souris souhaite y être présente « pour dans 500 ans », afin de remettre « quelque chose d'important » à « l'homme qui sauvera la Terre ». À l'âge adulte, François Xavier entreprend son périple en Asie. Le rouleau est récupéré par Yajirô Mimizu à la mort du missionnaire, qui affirme que l'objet peut faire de son porteur le maître absolu du monde comme le conduire à sa perte.
Le ninja ramène le rouleau au Japon depuis la Chine pour le remettre aux trois seigneurs d’Iga, qui décident de l’enterrer car ils l’estiment très dangereux. Tanba Momochi trahit toutefois ce pacte en ordonnant à Kanbei de mener le rouleau à son fils Sandayû, en province de Kii, pour sauver la province d’Iga.
Enterré pendant 400 ans
Kanbei subit l’influence néfaste du rouleau tout au long de son périple : Billy l'incite à faire preuve de lâcheté. Le ninja parvient cependant à lui résister avant d'enterrer le rouleau près de son ermitage, dans la province de Kii. En 1949, des siècles après la disparition du rouleau, Finney et Kurusu cherchent respectivement à se l’approprier. Kurusu bénéficie d'une longueur d'avance puisque la chauve-souris lui a indiqué dans quelle région il se trouve. Shimoyama refuse toutefois de lui céder le terrain de la société des chemins de fer nationaux en question.
Une « gomme » de l'Histoire?
Quatorze ans plus tard, Billy Bat demande à Jackie de se rendre au Japon avec Kevin Yamagata pour récupérer le rouleau et empêcher « la fin du monde ». Finney espère encore se l'approprier car il est persuadé que le rouleau permet de voyager dans le temps. Une théorie partagée par Shisho, qui considère le rouleau comme une « gomme » permettant d’effacer les événements. Adolf Hitler croit aussi aux vertus fantastiques de l'objet, qu'il cherche à récupérer dès 1931.
1964 : le contenu du rouleau enfin dévoilé
En 1964, Henry-Charles Duvivier parcourt le village Kômori (« chauve-souris » en japonais) à la recherche du rouleau. Zôfû Karama, qui s'est installé dans l'ancien ermitage de Kanbei, à l'écart du village, assure la protection de l'objet, enfoui sous une sculpture de Bouddha.
Lorsqu'il apprend l'arrivée de Duvivier, le mangaka confie le rouleau au policier du village. Kevin Yamagata finit par le récupérer. Mais le rouleau ne représente aucun intérêt pour lui puisqu'il contient un « dessin en chanson » qui permet d'apprendre à dessiner Billy Bat. Or, il est capable de le faire sans indication, et de lui parler directement.
Kevin est cependant intrigué par le reste du rouleau : une carte en forme de coeur marquée d'une croix (le pays basque, selon Jackie), le dessin d'une falaise, et la représentation d'une sorte d'engin associé à la Lune.
Après avoir fait abattre Kevin par ses hommes, Finney récupère enfin le rouleau. Il commence à l'examiner au « centre d'études historiques sur Billy Bat » installé au vingt-quatrième sous-sol de Billy Land. Sans se douter qu'il lui faudra vingt-six ans pour déchiffrer – grâce à l'iroha, une sorte d'alphabet japonais - la série numérique contenue à la fin du rouleau.
Résultat : deux suites qui se terminent toutes les deux par 20010911. La date du 11 septembre 2001...
Le rouleau est récupéré par le professeur Morehouse après le meurtre de Finney. Le scientifique Jeffrey, qui continue à étudier le contenu du rouleau, aboutit à une conclusion en 2001 : la suite de chiffres pourrait indiquer la localisation géographique de la chauve-souris. Ni la blanche, ni la noire, mais l'authentique créature...
L'album de la chauve-souris noire
Cet album, qui contient la simple esquisse d’une chauve-souris noire au dessus d’une montagne, fait lui aussi l’objet de nombreuses convoitises. Il appartient à l’origine à Hanzô Hattori, qui le considère comme une copie « amplement suffisante » du rouleau de Momochi. L'objet est récupéré accidentellement par Mitsuhide Akechi, qui décide, sous l'influence de la chauve-souris sortie de l'album, de trahir Nobunaga Oda…
L'album réapparaît au bout de quatre cents ans, en 1949, dans une réserve de l’OSS remplie de documents historiques japonais potentiellement subversifs, destinés à la censure. Charlie Ishizuka l'extrait de ce dépôt pour faire chanter Kevin. Kurusu récupère l’album après la mort de Charlie, mais la chauve-souris ne lui apparaît pas pour autant. Il jette donc l'album aux pieds de Shimoyama, avant de l'assassiner.
À cette époque, Finney cherche à récupérer le rouleau et, à défaut, l'album, qu'il considère comme une pièce manquante censée éclairer les « pans obscurs de l’Histoire ». Mais en 1963, Finney s'en désintéresse complètement : il est concentré sur la recherche du rouleau.
Le Golden Cola
Ce soda, copie évidente de la marque Coca-Cola, est omniprésent dans Billy Bat. La compagnie est en plein essor dans les années 1950, après avoir raflé le monopole du marché en Union Soviétique. Elle atteint son apogée en 1960, lorsque son héritier, Tony Goodman, implémente la marque à Dallas. Oswald, Kurusu et Kevin boivent chacun du Golden Cola à un moment donné.
Dans les visions de Kevin, l’une des trois équipes chargées d'assassiner Kennedy se poste derrière la grande enseigne Golden Cola érigée sur l'un des buildings de la capitale texane. Jackie Momochi et Lee Harvey Oswald font quant à eux connaissance près d'un distributeur de Golden Cola installé dans le dépôt de livres scolaires.
À cette période, la marque est également connue pour le grand concours qu'elle organise. À la clé : un voyage tous frais payés au Japon…
Billy Bat Hour
Cette émission hebdomadaire à la gloire de Billy Bat apparaît sur les écrans américains en 1950 : elle remporte un immense succès, qui atteint son apogée en 1963. Sa popularité est telle que les rues d’Amérique se vident littéralement pendant sa diffusion…
Cette émission présentée par Chuck Culkin est aussi réputée pour sa comptine (« Billy Bat, Billy Bat… Billy, Billy Bat! Viens exaucer mon voeu, Billy Bat! »).
Le succès de Billy Bat Hour perdure jusqu'en 1981 : l’émission recourt pour la première fois à des effets spéciaux, signe du changement d’époque.
La reproduction d'une émission Disney
Billy Bat Hour reproduit une véritable émission de télévision réalisée par les studios Disney. La diffusion de « Disneyland » a en effet commencé en 1954 sur la chaîne ABC, un an avant l'ouverture du parc d'attractions du même nom.
Urasawa s'est réapproprié plusieurs éléments emblématiques du générique de l'émission : la mise en scène de Walt Disney/Chuck Culkin dans son bureau, le vol de la fée Clochette/Billy Bat…
Billy Land
Ce parc d'attractions installé en Floride est intégralement dédié au personnage de Billy Bat. Pendant la ségrégation, il est interdit aux afro-américains.
Lee Harvey Oswald y travaille quelque temps en tant que mascotte avant de démissionner suite à une dispute avec son patron. Les visiteurs l'ignorent, mais le parc contient en réalité une partie souterraine gigantesque.
En 1990, Billy Bat remporte toujours le même succès. Audrey Culkin en hérite à la mort de son père. À l'exception du vingt-quatrième sous-sol du parc, dont le bail est réservé au « comité d'études historiques sur Billy Bat »...
Frise chronologique
Vous êtes perdu(e) dans les multiples bonds spatio-temporels de Billy Bat? Pas de panique : cette frise résume toute l'intrigue dans l'ordre chronologique.
Tous les événements sont datés aussi précisément que possible : soit avec la date exacte du jour, soit avec une indication générale (l'année ou le mois en cours). Les événements précédés d'un (?) sont basés sur des suppositions logiques, à défaut d'être datés précisément faute d'indications suffisantes dans le manga.
BILLY BAT © 2009 Naoki URASAWA/Studio Nuts/Takashi NAGASAKI/Kôdansha
Comment bien utiliser cette frise chronologique?
Vous pouvez faire défiler la frise de deux façons : soit en tirant les événements vers la gauche de votre écran, soit en déplaçant le carré gris au bas de la frise. Sur mobile et tablette, préférez une navigation horizontale.
Pour modifier l'affichage de la frise chronologique, il suffit de cliquer sur le bouton Réglages :
Les erreurs et incohérences chronologiques
L'intrigue complexe imaginée par Naoki Urasawa et Takashi Nagasaki n'est pas exempte de quelques incohérences. Trois passages posent problème :
L'affaire Shimoyama
- Tous les événements précédant la découverte du corps déchiqueté de Shimoyama (la découverte de l'album de la chauve-souris noire, le chantage puis la mort de Charlie...) semblent se dérouler les 4 et 5 juillet vu qu'ils se déroulent parallèlement à la disparition de Shimoyama et à l'annonce du licenciement de nombreux employés des chemins de fer. Le corps du disparu est retrouvé à minuit trente le 6 juillet 1949.
Pourtant, lors de son témoignage à la police, le gérant de gargote affirme que le corps de Charlie a été déposé sur les rails cinq jours avant la découverte de celui de Shimoyama, et non pas un ou deux jours avant, comme le laisse supposer le déroulement des chapitres.On peut toutefois admettre que le gérant donne une fausse date pour brouiller les pistes, sachant qu'il ment lors de son interrogatoire.
Deux anachronismes dans les années 1960
- Au cours du séjour mouvementé de Diane et Tony dans un village du Sud profond des États-Unis, en 1960, on aperçoit à un moment Martin Luther King prononcer son célèbre discours « I have a dream »... Mais celui-ci a en réalité été prononcé en août 1963.Le shérif et le barman du village évoquent par ailleurs les missiles de l'URSS installés à Cuba alors qu'ils n'ont été installés qu'en 1962 et médiatisés en octobre de la même année.
Ce double anachronisme surprend d'autant plus que tous les autres événements historiques reproduits dans le manga concordent bien à leur date réelle (comme la tentative d'assassinat d'Oswald sur Walker ou la disparition de Shimoyama).On peut supposer qu'il s'agit d'un choix volontaire d'Urasawa et de Nagasaki, qui ont préféré «xxxxx» avec la réalité historique, afin de renforcer l'atmosphère angoissante de l'époque.
La quatrième de couverture du cinquième comporte pourtant elle aussi une erreur : elle indique que l'on passe « du Sud Profond, en 1960 » à « Dallas, en 1962 » alors que les chapitres au Texas datent tous de 1963.
La date de parution changeante de Bat Boy
- Zôfû Karama profite de sa première rencontre avec Kevin Yamagata pour l'informer que le premier volume des aventures de Bat Boy est paru « immédiatement après la capitulation », soit en 1945. Or, lorsqu'il se retrouve face à Duvivier, le mangaka affirme que ce même volume est paru en « l'an 11 de l'ère Taishô, soit 1922 »...
À défaut de correspondre à la première scène, cette seconde date se révèle toutefois plus cohérente puisqu'elle coïncide chronologiquement avec la découverte de la chauve-souris par Zôfû.