Mujirushi, Le Signe des rêves est le dernier manga en date de Naoki Urasawa. Ce récit en deux volumes mélange les thèmes de prédilection de l'auteur autour d'un sujet atypique : le musée du Louvre.
Par Alexis Orsini
Le Louvre vu du Japon
Les temps sont durs pour Takashi Kamoda. À peine remis du choc de sa soudaine perte d’emploi, voilà que sa femme le quitte, le laissant seul avec sa fille Kasumi… Loin de se laisser abattre, il se lance alors dans un projet professionnel pour le moins bancal, dont il ressort rapidement ruiné et criblé de dettes.
Désespéré, il aperçoit un jour une corneille porteuse d’un papier contenant un symbole et un mystérieux message (« Mujirushi – le signe des rêves »). Takashi y voit un signe du destin : en suivant l’oiseau, il fait la rencontre du prétendu directeur d’un institut de recherche français, un beau parleur aux tics de langage aussi atypiques que sa dentition. Il se met alors à évoquer le Musée du Louvre…
Les lecteurs japonais auront tout de suite reconnu Iyami, un personnage comique d'escroc créé par le mangaka Fujio Akatsuka dans les années 1960 et ici repris par Naoki Urasawa. Iyami, expert auto-proclamé de la France, n'y a en réalité jamais mis les pieds, contrairement à ce que laissent penser ses anecdotes...
Une commande du Musée du Louvre
Paru à un rythme bimensuel à compter d'octobre 2017 dans les pages du magazine japonais Big Comic Original, Mujirushi, Le signe des rêves met la France à l'honneur... puisqu'il est réalisé par Naoki Urasawa à la demande du musée du Louvre !
Le mangaka est en effet l'un des derniers mangakas en date à réaliser, pour les éditions Futuropolis, une œuvre dans sa collection de BD dédiée au célèbre musée, dans la lignée d'auteurs prestigieux comme Nicolas de Crécy, Taiyô Matsumoto ou encore Jirô Taniguchi.
La genèse du manga expliquée par Urasawa
Naoki Urasawa est revenu, lors de notre interview au Festival d'Angoulême 2018, sur la genèse atypique de ce titre : « Le musée du Louvre m’a contacté un jour en expliquant qu’il voulait réaliser un projet, que l’on travaille ensemble, car il considère la bande dessinée comme le neuvième art. Mais à ce moment-là, je travaillais sur Billy Bat et j’ai répondu qu’il fallait attendre 3 ans : le musée a accepté et on a commencé à travailler ensemble au bout de ce délai. Pendant ces 3 années d’attente, d’autres artistes ont réalisé des albums dans cette collection et ils ont fait à peu près ce que je voulais faire, donc je me suis posé la question : 'Qu’est-ce que je peux faire que les autres n’ont pas fait ?'
C’était l’hiver, il faisait froid, j’avais la flemme d’aller en France pour faire des recherches, c’était loin… Et je me suis dit : « Comment réaliser cette œuvre sans aller en France ? » Et c’est là que l’idée d’utiliser Iyami m’est venue car c’est un personnage qui prétend être allé plusieurs fois en France alors qu’il n’y est jamais allé ! »
Le mangaka précise en outre : « J’ai donc décidé de créer cette histoire avec ce personnage, qui se déroule en plus au Japon. C’est comme ça que j’ai décidé d’utiliser Iyami et ça a fini par me donner envie d’aller au Louvre pour faire du repérage… J’y suis allé l’année dernière [en 2017] ! »
Naoki Urasawa a également indiqué, lors de sa venue en France, qu'il venait de terminer le dernier chapitre de Mujirushi avant son arrivée.